De nouveau, la question de la présence américaine en Arabie Saoudite est revenue sur le tapis lors de la rencontre, jeudi, du prince héritier Abdallah Ben Abdelaziz avec le président Bush. Ce n'est pas la première fois que les Saoudiens évoquent l'éventuel départ des troupes américaines stationnées, depuis la guerre du Golfe en 1991, sur leur territoire. Le développement de la situation après les attentats antiaméricains du 11 septembre ont rendu cette demande encore plus nécessaire pour l'Arabie Saoudite quelque peu piégée par les évolutions induites par la crise sécuritaire de ces derniers mois. Si, bien avant le 11 septembre, les Saoudiens envisageaient déjà le départ des militaires américains, leur présence en Arabie Saoudite demeure une option éminemment stratégique, en ce sens où Washington a trouvé dans le royaume saoudien, de même que dans les émirats du Golfe (le commandement américain pour la guerre en Afghanistan se trouve au Koweït, alors que la Ve flotte américaine a pour port d'attache Bahreïn et que le Qatar sert de centre de stockage pour les équipements militaires américains), l'emplacement idéal de contrôle d'une région dont l'intérêt pour les Etats-Unis, aux plans militaire et énergétique, est vital. Déjà présents dans le Golfe arabe depuis de nombreuses années, où ils bénéficiaient de diverses facilités, les Américains ont mis à profit l'invasion du Koweït par l'Irak pour prendre définitivement pied dans une contrée qui baigne littéralement dans l'or noir. Seuls les crédules, et les Koweïtiens, croient que les Etats-Unis ont mobilisé, et mobilisent toujours, leurs contingents militaires au Koweït, en Arabie Saoudite (5.000 soldats et près de 40.000 civils en relation avec les militaires américains, selon les estimations d'experts occidentaux), à Bahreïn et ailleurs dans le Golfe, juste pour protéger des monarchies absolues archaïques qui détonnent dans un monde en pleine mutation où les droits de l'homme sont devenus l'axe essentiel des relations internationales.