La broderie, une activité artisanale propre aux cités médiévales, est en train de s'implanter avec force à Batna, pourtant considérée comme une ville nouvelle. Chaque jour, des magasins-ateliers s'ouvrent pour produire et exposer des effets destinés, essentiellement, à la clientèle féminine et à la décoration d'intérieur. Le linge de maison est rehaussé de motifs géométriques et floraux déclinés dans une brillante palette de couleurs. Bien que l'introduction du travail à l'aiguille soit récent à Batna, les registres de la Chambre d'artisanat et des métiers de la wilaya recensent 68 ateliers de broderie employant chacun au moins huit brodeuses. La qualité du produit n'a rien à envier à celui de Constantine, Annaba ou Tlemcen. “Parfois, le produit réalisé égale ou rivalise les meilleurs broderies du pays”, témoigne une brodeuse de Batna. La broderie sur les vêtements féminins est la plus répandue. Les tableaux créés par ce travail d'aiguille représentent des motifs tirés du paysage et même des représentations inspirées de différentes écoles artistiques. Les motifs décoratifs sont utilisés, notamment pour les tapis, les robes de cérémonie et les tissus. Un remarquable éventail de techniques est employé. La broderie à Batna sert à orner essentiellement les vêtements féminins. Les robes, en soie sombre sont richement décorées de motifs traditionnels dans une technique caractéristique. On cite le plumetis vide qui consiste à séparer les rangées de plumetis par une bande étroite de tissu formant le fond. La broderie est toujours employée pour agrémenter les vêtements, les tapisseries murales, le linge de maison, les tissus d'ameublement et parfois même les tapis. La plupart des brodeuses à Batna ne se contentent pas de reproduire fidèlement ce qu'on leur a appris, mais elles osent rompre avec les conventions stylistiques. Les brodeuses puisent davantage leur source d'inspiration dans l'observation directe de la nature. Avec un effort dans la formation, leurs ouvrages atteindront une qualité à même de les rendre concurrentiels sur les marchés extérieurs. Avec la prochaine distribution des 6 100 locaux commerciaux à usage professionnel, dont 2 000 sont déjà réalisés, l'activité pourra prendre un autre essor si les banques arrivent à accompagner ces ateliers dans le financement des approvisionnements en fils et tissus somptueux. “C'est un créneau très rémunérateur. Il se positionne juste derrière la bijouterie. Les produits confectionnés sont très demandés dans les centres urbains”, affirme un professionnel, qui appelle les banquiers à faire confiance à cette forte rentabilité. L'activité de la broderie est créatrice d'emplois pour les femmes ainsi que pour les hommes. Elle est en mesure d'offrir des débouchés aux jeunes. Si elle est une activité artistique, qui nécessite une main-d'œuvre qualifiée, elle est aussi très gourmande de cette catégorie et à faible indice capitalistique. B. Boumaïla