Pour l'ex-GSPC, ces petits écoliers qui n'ont à lui opposer que l'innocence de leur âge, ces femmes, ces vieillards et ces étudiants dont les corps ont été déchiquetés à la dynamite sont “les croisés et leurs agents, les esclaves des Etats-Unis et les fils de la France” qu'il veut “humilier” traîtreusement, et de la manière la plus lâche qui soit pour “défendre la nation de l'islam”. En revendiquant hier, dans un communiqué publié sur un site Internet, le double attentat qui a frappé ce mardi Alger, l'ex-GSPC se noie dans une fantasmagorie qui s'approprie par mimétisme des repères qui ont fait la grandeur de l'islam et entre par effraction dans ce qu'il y a de plus noble dans la religion musulmane, pour laisser l'expression à des instincts plutôt primaires qui donnent au “martyr” des allures caricaturales. Les deux kamikazes portant des fusils d'assaut, avec en toile de fond le drapeau vert de l'islam, et dont la photo est publiée sur le site, sont alors qualifiés de “chevaliers de la foi qui se sont sacrifiés pour défendre l'islam”. “Le héros martyr cheikh Ibrahim Abou Athmane s'est lancé la matinée d'aujourd'hui avec un camion rempli de pas moins de 800 kilogrammes d'explosifs pour écraser l'antre de l'apostasie internationale”, annonce le communiqué pour se réjouir de “l'explosion qui a fait, selon une première estimation, pas moins de 60 morts et des dizaines de blessés dans les rangs des croisés et des apostats, Dieu soit loué”. Autant dire que pour l'ex-GSPC, ces petits écoliers qui n'ont à lui opposer que l'innocence de leur âge, ces femmes, ces vieillards et ces étudiants dont les corps ont été déchiquetés à la dynamite sont “les croisés et leurs agents, les esclaves des Etats-Unis et les fils de la France” qu'il veut “humilier” traîtreusement et de la manière la plus lâche qui soit pour “défendre la nation de l'islam”. Dans un hallucinant scénario à l'irakienne, l'ex-GSPC compare Hydra et Ben Aknoun, lieux où se sont produits les attentats, à cette citadelle imprenable de Baghdad “la zone verte”, célèbre quartier de la capitale irakienne défendue par les troupes américaines, pour tenter de prendre à témoin l'opinion sur de prétendues capacités et une force de frappe, “encore intactes”. Particulièrement en s'évertuant à faire une fausse démonstration de la fragilité du dispositif sécuritaire mis en place par les services de sécurité. En effet, dans un bien piètre sursaut d'orgueil sérieusement ébranlé par la véritable déroute qui lui a été infligée ces derniers mois par les services de sécurité et l'ANP, le GSPC tente désespérement de se refaire une santé sur le compte de l'enlisement des troupes américaines face à la résistance irakienne, mais aussi à travers une identification laborieuse à la nébuleuse Al-Qaïda et la hantise qu'elle inspire à l'Occident. “Cette attaque vient rappeler aux croisés qui occupent nos terres, et qui pillent nos richesses, la nécessité de bien prêter l'oreille aux exigences et aux discours de notre cheikh et “émir” Oussama Ben Laden, que Dieu le protège.” Le GSPC en donnant à l'attaque meurtrière de Hydra et Ben Aknoun le nom du chef terroriste Abou Haidara, éliminé par les forces de sécurité sur les hauteurs de la capitale, veut marquer que c'est également sous le signe de la vengeance qu'il inscrit ces attentats. “Cette attaque est une vengeance du sang de nos frères martyrs Abou Yahia, Soufiane Abou Haidara et Ali Abou Dahdah et tous les autres martyrs. Vous payerez cher à chaque fois qu'un martyr tombe et les prochaines frappes des moudjahidine vous feront oublier tout prétendu succès dont vous parlerez”, dira le communiqué qui s'éloigne ainsi des envolées littéraires empreintes de religiosité, pour s'engager dans le discours léger et surtout cru qui rappelle singulièrement le règlement de comptes. Des attentats auxquels le groupe terroriste donne également les allures d'une mise au point. Pour “mettre les points sur les i et balayer les légendes que vous avez créées et des illusions que vous avez tissées”, déclare le communiqué de l'ex- GSPC. Le discours est alors volontiers revanchard et suinte une haine incommensurable et un échec mal assumé, articulés autour d'actions meurtrières dont les auteurs veulent prouver “tout et rien”. Par exemple que les coupes sombres faites par les services de sécurité à la tête de l'organisation terroriste et les nombreuses défections d'“émirs” n'ont en rien entamé leurs capacités. “Cette attaque a fait voler en éclat la légende selon laquelle le noyau dur de notre groupe a été détruit”, dira le communiqué en voulant semer le doute sur la véracité des informations rendues publiques autour de la décapitation du GSPC, assurant, par ailleurs, pour tenter d'apporter un démenti sur la manipulation et l'endoctrinement des jeunes qu'il transforme en bombes humaines que “les moudjahidine du Maghreb se bousculent pour les opérations martyres qui continueront jusqu'à la libération de toute la terre d'islam”. L'attaque de l'aéroport de Djanet revendiquée “Voici le chef Hadhifa Abou Younès El-Assimi, “émir” de la zone Centre et successeur du martyr Abou Haidara qui vous rend le coup en double”, lit-on dans ce communiqué qui veut manifestement faire accroire à l'opinion que le GSPC dispose d'un bon réservoir d'hommes qualifiés et compétents. “Tous les moudjahidine sont des chefs potentiels ; à chaque fois que l'un d'eux tombe, il se trouvera un autre pour prendre l'étendard.” C'est peut-être vrai quand il s'agit d'accomplir en traîtres des actions aveugles, sans discernement et sans autre planification que celle de pousser un véhicule plein d'explosifs sur un édifice. C'est du moins ce qu'a démontré le GSPC en se targuant dans le communiqué de l'attaque de l'aéroport de Djanet et celle qui a visé un convoi d'une entreprise activant dans le domaine pétrolier à Aïn Defla. Zahir Benmostepha