Une à trois années de prison ferme. Tel est le verdict prononcé dans la soirée de mercredi dernier par les juges de la cour de Batna contre 21 personnes poursuivies dans une affaire de trafic d'armes. Âgées entre 22 et 80 ans, elles ont été reconnues coupables des délits relatifs à la fabrication, à l'acquisition au trafic et à la détention sans permis d'armes de chasse. L'affaire remonte au 6 février dernier, lorsqu'un véhicule de tourisme a été intercepté par les éléments de la Gendarmerie nationale sur le RN 7, entre les communes de Chemora et de Timgad, à bord duquel se trouvaient deux individus. La fouille de la voiture a permis la découverte de deux armes à feu de fabrication artisanale. Plus tard, ils avouèrent qu'ils transportaient les armes pour les remettre à de présumés clients. Ils n'étaient pas à leur première opération. Lors de l'enquête préliminaire, ils balancèrent leur fournisseur, le dénommé B. Toufik, âgé de 27 ans. Selon ces mêmes déclarations, ce dernier fabrique des armes de manière artisanale dans son propre garage. L'enquête de la brigade de la gendarmerie de Timgad aboutit à l'arrestation de 18 autres personnes. Le nombre des inculpés passe alors à 21. Certains accusés ont reconnu les faits qui leur sont reprochés, à savoir l'achat et la vente d'armes à feu. Toutefois, ils ont motivé leurs actes par deux raisons : célébrer les fêtes de mariages et la nécessité de protéger leurs biens. Dans leurs plaidoiries, les avocats ont placé l'acte de leurs clients dans son cadre de “phénomène de société”. Selon l'un d'eux, “ici, tout le monde exprime sa joie par le baroud, une habitude qui existait avant l'indépendance”. Pour un autre, “n'était la décennie noire, on n'en serait pas ici”. En effet, fait anodin avant 1990, la détention de fusils de chasse est devenue une affaire très délicate depuis la dégradation de la situation sécuritaire. L'administration, les services de sécurité et la justice traitent avec plus de fermeté les affaires liées à ce dossier sensible. Batna a été classée, en 2006, à la tête des villes à forte tendance de détention d'armes à feu, avec 30 affaires traitées par les services de la police judiciaire. Le phénomène prend de plus en plus d'ampleur du moment où il est devenu un commerce très porteur comme tous les négoces prohibés. Avec de simples outils disponibles dans les ateliers de soudure, on confectionne des armes artisanales dont la pièce est cédée entre 27 000 et 37 000 DA. F. Lamia