Cet outil permet de garantir le respect des délais de réalisation, la qualité des services, ainsi que la réduction des coûts. “La dépense publique n'a pas eu un plein effet sur la croissance économique en Algérie. On s'est interrogé sur les raisons de cette relative inefficience des dépenses publiques d'investissement à générer de la croissance (grande créatrice d'empois et de richesses). L'une des solutions que nous avons explorées, c'est la mise en place de partenariats public-privé (PPP) dans la réalisation d'investissements de développement et de réhabilitation des infrastructures”, nous explique un expert, affichant les raisons de l'organisation, hier à Alger, d'une rencontre sur le partenariat public et privé. C'est dans un tel contexte caractérisé par la mise en œuvre depuis 2005 du plan de relance destiné à moderniser les infrastructures du pays — doté d'une enveloppe sur cinq ans de 180 milliards de dollars où d'ores et déjà de grosses sommes ont été déjà injectées, sans que la croissance hors hydrocarbures n'atteigne un seuil susceptible d'inverser la tendance en matière de chômage en particulier hyper élevé chez les jeunes —, que la ministre déléguée chargée de la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, a tenté de situer dans son allocution d'ouverture du séminaire l'importance du partenariat public-privé dans le financement des projets d'infrastructures. “En Algérie, le souci majeur, au-delà des avantages que représente le PPP, est d'introduire progressivement la notion d'efficacité des dépenses publiques. Plus le volume de ces dépenses est important, plus la recherche de cette efficacité doit guider le choix des équipements et leur gestion. La préoccupation des pouvoirs publics est de permettre que des objectifs de performance, de qualité de réalisation, de services et de qualité optimale des ressources deviennent des critères importants de choix des équipements, de leur gestion et de leur maintenance. En attendant les effets de la réforme budgétaire qui tarde à se manifester, le recours au PPP par l'administration devrait permettre d'améliorer la qualité de services, d'accélérer la réalisation des projets, de favoriser une meilleure gestion des risques et d'augmenter la productivité des administrations publiques”, a souligné la ministre. Le PPP pourrait devenir un outil de rationalisation des dépenses publiques, une formule de financement de projets adéquate et marquer un tournant dans les rapports public-privé, a ajouté Mme Mentouri. Introduite en Algérie, elle s'attend à ce que le PPP soit un vecteur de transfert de savoir-faire. La ministre appelle de ce fait à une révolution culturelle, à un changement de mentalités de la part du public et du privé de façon à parvenir à une telle efficacité dans les investissements publics. Réduction de 10% des coûts en Allemagne À noter que le PPP est défini comme un ensemble de schémas contractuels par lequel une personne physique publique (Etat ou collectivité) confie à une autre personne physique, en général privée, la conception, la réalisation ou l'exploitation de projets publics. Elle est pratiquée en Algérie sous sa forme primaire : la gestion déléguée et dans peu de secteurs (l'eau et les transports). Dans une introduction aux PPP, Pierre Sorbets, responsable européen du secteur public à HSBC France, souligne que c'est un outil de gestion publique avant d'être un outil de financement. Il se distingue de la concession par le fait que dans cette dernière formule, l'usager finance la construction, la maintenance et l'exploitation du service. Dans le PPP, c'est l'Etat ou la collectivité locale qui avance le financement. Ce n'est pas une privatisation, relève M. Sorbets. L'intervenant observera que le Royaume-Uni est le berceau du PPP. C'est le pays qui a développé le plus de PPP et le plus longtemps. En France, il a été développé à partir de 2004 à la faveur d'une circulaire déterminant le cadre juridique de ce partenariat. Le PPP s'applique à tous les services publics nécessitant la réalisation, la maintenance, la gestion, le renouvellement ou l'exploitation d'équipements : infrastructures de transport, infrastructures de santé, tous services publics locaux (eau, collecte et traitement des déchets, distribution d'énergie, transport urbain…), ajoute M. Sorbets. En ce sens, des études ont permis de montrer l'utilité des PPP. “En Grande-Bretagne, il a été démontré qu'ils permettent de respecter les coûts et les délais de réalisation. En Allemagne, ils ont permis une réduction de 10% des coûts”, relève Catherine Jeancolas, avocat au cabinet Merville Torre, et Alain Gauvin, avocat au cabinet Lefèvre Pelletier et associés. Il convient de signaler que HSBC, parmi les premiers groupes bancaires dans le monde qui est sur le point d'ouvrir sa succursale en Algérie, a organisé cette rencontre qui aura regroupé de grands spécialistes du PPE et un parterre de responsables représentant, notamment de ministères ou d'entreprises des secteurs de l'eau, des transports, en particulier de la SNTF, de Neal. Elle se veut à travers cette initiative et son implantation être considérée comme une banque algérienne qui travaille sur des problématiques algériennes, confie l'un de ses responsables. En somme, l'introduction des PPE en Algérie nécessite, entre autres, des prérequis pour qu'ils puissent réussir : en particulier la formation, le renforcement des capacités d'expertise et d'évaluation des institutions ou entités publiques et de leurs aptitudes à orienter les partenaires privés, étrangers à répondre aux besoins et aux problématiques locales. N. Ryad