Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud a plébiscité, à sa tête, Jacob Zuma qui remplace le chef de l'Etat Thabo Mbeki. Cette victoire imposante, 60% de votes favorables, est due à la politique économique libérale décevante de Thabo Mbeki. En tant que président de l'ANC, Zuma est désormais en position de devenir le prochain dirigeant sud-africain, lors des élections générales de 2009. Pourtant, le nouveau patron de l'ANC a traîné pas mal de casseroles, mais pour les militants du parti fondé par Mandela, ce ne sont là que des complots politiques pour empêcher son ascension. En effet, Zuma, tout sulfureux qu'il est, a recueilli le soutien des syndicats et organisations féminines. Les démarches de Mbeki pour conserver le pouvoir, après avoir succédé durant dix années au monument africain qu'est Mandela, lui ont été fatales. Contrairement à Mandela, qui s'est contenté d'un seul quinquennat jugeant important que son pays soit un exemple démocratique dans un continent où les présidents tendent à rester au pouvoir jusqu'à leur mort, Mbeki a fait deux mandats et comptait rester en poste d'influence par le biais de l'Anc, la Constitution sud-africaine interdisant un troisième mandat. Il a essayé de peser sur le choix de son successeur, jusqu'à défendre l'idée d'une candidature féminine. Mal lui en pris, car les militants de l'ANC ont refusé de se plier, misant sur la stabilité des institutions. À deux ans de la fin de son mandat à la présidence de la République, Mbeki risque de voir sa marge de manœuvre considérablement réduite jusqu'aux élections générales de 2009. Sous la direction de Zuma, l'ANC devrait inspirer une inflexion plus sociale au gouvernement. Le tribun zoulou a recueilli les voix de ceux qui ont été déçus par la politique économique libérale de Mbeki. En dépit d'une croissance continue et de l'émergence d'une classe moyenne noire, 43% de la population vit avec moins de 300 euros par an et le taux de chômage est estimé à près de 40%, treize ans après la chute de l'apartheid. Pour Zuma, c'est un retour impressionnant, lui qui avait été limogé par Mbeki de la vice-présidence en 2005 après la condamnation pour corruption de son conseiller financier, et avait été jugé l'année suivante pour le viol d'une jeune séropositive, dont il avait été acquitté. Ses deux puissants alliés de l'ANC, la confédération syndicale Cosatu et le Parti communiste, qui le soutiennent fermement même contre la justice qui a déterré son dossier de corruption au lendemain de son élection à la tête de l'ANC ! Affaire à suivre. D. B.