La séance parlementaire prévue hier pour élire un nouveau président libanais a été reportée, pour la dixième fois, malgré les fortes pressions américaines sur la Syrie, accusée de bloquer cette élection. La veille, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a frappé sur la table, la veille, du Conseil de sécurité exigeant de ses membres à faire pression sur ceux qui empêchent la tenue de l'élection présidentielle au Liban ! Pour Washington et la France qui n'arrêtent pas de s'agiter sur ce dossier, l'empêcheur de tourner en rond est Damas, qui a pourtant quitté Beyrouth depuis 2005. L'élection du président libanais est en réalité contrariée par les Libanais eux-mêmes, surtout par les chrétiens qui n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord, le candidat devant en vertu de la Constitution être chrétien. Le président du Parlement, Nabih Berri, un chiite d'Amal, ténors de l'opposition qui regroupe le Hezbollah mais aussi des chrétiens du clan de Michel Aoun, a décidé de reporter la séance au 29 décembre. Il s'agit du dixième report en moins de trois mois de l'élection présidentielle au Liban, du fait de divergences persistantes entre la majorité et l'opposition, mais ce report n'est pas une surprise, et l'hypothèse d'une issue au blocage d'ici la fin de l'année laisse sceptique. En réalité, l'élection devrait avoir lieu en 2008 et, de toutes les façons, le Liban n'est pas paralysé dès lors que le gouvernement fait son travail et que l'armée veille au grain et bien que le pays est sans président depuis la fin du mandat d'Emile Lahoud le 23 novembre. Le chef de l'armée Michel Sleïmane fait figure de candidat consensuel aux yeux de deux camps. Mais les parties n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le mécanisme d'un amendement de la Constitution, nécessaire à son élection. L'opposition réclame en outre de discuter avant l'élection de la composition du futur gouvernement, ce que refuse la majorité. Le blocage est interprété par Washington et Paris comme le prolongement du bras de fer entre l'Occident, d'une part, et la Syrie et l'Iran, d'autre part. Le gouvernement libanais accuse, par ailleurs, l'opposition d'être sous la coupe de Damas, alors que celle-ci reproche au gouvernement d'être inféodé à Washington. Ancienne puissance de tutelle au pays du Cèdre, la Syrie est soupçonnée d'être à l'origine de la série d'attentats ayant visé des responsables de la majorité depuis 2004, une accusation qu'elle réfute. Le président français Nicolas Sarkozy a contacté à deux reprises son homologue syrien Bachar El-Assad au sujet de la présidentielle libanaise et, selon Paris, il aurait même lancé un ultimatum au président syrien pour que la date du 21 décembre soit respectée. Un coup d'épée dans l'eau. Bush a reçu la même claque. Lui aussi a clairement signalé son soutien à la majorité, l'appelant à contourner les alliés libanais de la Syrie, et à leur tête le Hezbollah chiite, classé comme organisation terroriste par Washington. Le Hezbollah devait rétorquer que Bush semait à nouveau la discorde entre les Libanais en refusant le consensus et en utilisant ses alliés au Liban aux dépens de la stabilité du pays. D. B.