Le gouvernement américain a ignoré ces deux dernières années les nombreuses mises en garde sur le fonctionnement des sociétés de sécurité opérant en Irak sans être encadrées et en outrepassant leur rôle. C'est le Washington Post qui l'a révélé. Bush savait donc ce que tramaient les milliers de sociétés de sécurité privées travaillant en Irak, dont Blackwater, par qui le scandale de cette armée privée a éclaté. Et il a été averti par de nombreux experts américains et de hauts responsables irakiens. Le département d'Etat et le Pentagone n'ont pas pris de mesures sérieuses pour réglementer ces sociétés de sécurité jusqu'à ce que des agents de Blackwater, employés par le département d'Etat pour escorter son personnel diplomatique, ouvrent le feu à un carrefour très fréquenté de Bagdad, tuant 17 civils en septembre. L'affaire a provoqué un scandale retentissant. La société a depuis régulièrement affirmé que les employés n'avaient fait que répliquer après avoir essuyé des tirs, alors qu'une enquête irakienne a conclu que le convoi n'avait même pas reçu un jet de pierre. Pourtant, même une société de sécurité britannique travaillant en Irak avait tiré la sonnette d'alarme devant les dépassements de ses homologues américaines. “N'importe qui, officiers de l'armée, responsable de l'Etat, tout le monde pouvait agiter un drapeau et dire : arrêtez, cela n'est pas bon pour nous”, a déclaré au Washington Post son responsable britannique. Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morell, esquive le débat en déclarant que l'armée officielle des Etats-Unis avaient d'autres chats à fouetter et qu'il valait mieux pour le pays qu'elle se batte contre les “mauvais”, sous entendu les terroristes, plutôt que “de garder des maisons et d'escorter des convois”. Face au scandale de Blackwater, début décembre, des responsables du Pentagone et le département d'Etat ont signé un accord fixant de nouvelles règles de fonctionnement des sociétés privées assurant la sécurité des diplomates en Irak. Pour la sécurité des champs pétrolifères et des chantiers de reconstruction, les sociétés ont mains libres. D. B.