Résumé: Madjid n'a pas à la chercher. Il tombe sur sa femme, dans les escaliers. Pendant un court moment, il a pensé au pire. Ses cris effraient leurs filles. Le temps de s'expliquer et de les rassurer, Madjid va prendre une douche. Fahima en profite pour leur demander ce qui s'est dit en son absence… Fahima, en écoutant ses filles, a l'impression de se rappeler un mauvais rêve. Sa belle-mère Dounia n'a pas hésité à lui parler d'agrandir leur famille. Elle veut un petit-fils. Ainsi, les filles n'auront jamais rien à craindre. - Ce serait bien maman, on jouerait avec lui, dit Sabah. Majda lui raconterait des histoires… - A vous entendre, c'est facile! réplique la mère. - Pourquoi les autres en ont et pas nous ? - Cela ne dépend pas de moi, leur explique-t-elle. Mais de Dieu! S'IL veut nous donner un garçon, j'en serais heureuse! - Je suis sûre qu'on en aura un ! On l'appellerait…Sami ou Lyès ! - Moi, je voudrais l'appeler Nabil, dit Sabah, prête à bouder si on refuse de le nommer comme elle le veut. Ou Tewfik…Comme le neveu de Lila ! - Ne l'appelle jamais par son prénom! la gronde Fahima. - C'est seulement quand elle n'est pas là, s'excuse la fillette. - Et papa, leur demande-t-elle, qu'a-t-il dit ? - Qu'il serait heureux d'avoir un fils, répond Majda. Dis- moi comment on fait ? - Comment ? reprend Fahima en riant de bon cœur. Il faut être deux…un papa, une maman et si Dieu veut, ils auront un petit garçon…Si on en a un parce que vous l'aurez demandé, il ne faudra surtout pas vous plaindre quand il arrachera vos cheveux ou démembrera vos jolies poupées…Ou lorsqu'il leur aura arraché les yeux ! Moi et votre oncle Hamid, on était tout le temps en train de se bagarrer! C'était un vrai tyran ! - Qui donc ? Fahima n'a pas remarqué que son mari a quitté la salle de bains. Elle aurait dû se rendre compte que l'eau ne coulait plus mais la discussion avec ses filles a accaparé toute son attention. Elle se tourne lentement vers lui. - Qui ? Mon frère, répond-elle. Figure-toi qu'elles ont envie d'un petit frère! - Elles ne sont pas les seules! réplique Madjid en prenant place entre leurs filles. Dans notre maison, il manque les cris et les rires d'un bébé… - Les nuits blanches te manquent ? - Non mais on pourrait s'entendre !répond-il. Une nuit sur deux, je veillerais à ta place ! - Quelle gentillesse ! soupire-t-elle. Si seulement tout pouvait être aussi simple…Tu ne sembles pas t'en rendre compte mais je ne suis plus toute jeune ! - On en discutera tout à l'heure ! Sujet inévitable après le dîner alors qu'elle prépare la tenue qu'elle portera le lendemain. Madjid est vraiment tenté. Le fait qu'on lui ait relancé l'idée d'avoir un troisième enfant, a réveillé l'envie d'en tenir un, dans les bras. Fahima est moins chaude. Elle craint la déception. Car rien n'est sûr. Ils peuvent aussi avoir une troisième fille. - Et alors ? rétorque Madjid. Une troisième poupée à la maison, ce ne sera que du bonheur ! Tu n'as pas à t'en faire… - Tu sembles l'ignorer mais, à mon âge, je peux avoir un handicapé! Un trisomique… - Tu t'angoisses pour rien! Si Dieu le veut, on aura le plus beau des bébés, dit-il. On ne perd rien à essayer! - Je sais… Fahima veut bien essayer. En fait, au fond d'elle-même, elle sent qu'elle n'a pas le choix. Elle ne peut pas leur refuser d'avoir un troisième enfant. Avec un peu de chance, ce sera un garçon. Elle le souhaite de tout cœur. Elle craint que sa famille ne réussisse à semer la zizanie entre eux. Maintenant qu'il est proche d'eux, ils peuvent très bien se mêler de leur vie privée et souhaite de tout cœur que Dieu sera avec elle. Car ils peuvent apporter du bien, tout comme le mal, sans vraiment le vouloir… ADILA KATIA (à suivre)