La parution du dernier numéro de la revue de la Gendarmerie nationale a coïncidé avec le double attentat d'Alger le 11 décembre. Malgré les thèmes et dossiers développés, la prévention policière, la protection de l'environnement, la police judiciaire et d'autres sujets scientifiques liés aux activités de la gendarmerie, l'éditorial au titre révélateur “apologie du crime” et signé du responsable de la cellule de communication sonne comme un réquisitoire contre “des plumes algériennes”, la presse écrite en l'occurrence “par délit d'omission” glorifie, peut-être inconsciemment, les “zombies” barbares en reprenant leurs noms “aux connotations moyenâgeuses”. Subtil dérapage couvert par “le droit d'informer”, ce souci majeur de la presse que l'éditorialiste, le colonel Abderrahmane Ayoub, dénonce en filigrane. Car, le traitement de l'information sécuritaire par la presse, est-il suggéré, a produit l'effet inverse en nourrissant l'inquiétude, l'angoisse “en pervertissant le décor accueillant” et en donnant l'image d'une “Algérie instable et inadaptée à l'investissement étranger”. Dérive ? Pas forcément. Mais elle est exploitée par les terroristes qui y trouvent un soutien à travers l'effet médiatique que suscitent leurs actes criminels reléguant les victimes et ceux chargés de les combattre au second plan dans le traitement provoquant ainsi le sentiment d'un parti pris même si dans les faits, la cause des barbares ne bénéficie pas de cette adhésion qui pourtant transparaît dans certains écrits. Pour autant, loin de verser dans l'apologie du crime, des publications sont, dans la course effrénée au scoop, à l'exclusivité, dans une impitoyable concurrence, mues par l'intérêt mercantile occultent, dans une sorte d'aveuglement, le côté combat pour un idéal commun, pour verser dans le ramassage de ce détail qui fait la différence avec les autres, quand bien même il aurait des répercussions négatives sur le moral des troupes. “Ce traitement irresponsable de la question sécuritaire, assorti d'un perpétuel matraquage médiatique, a servi en premier chef les criminels qui n'auraient pu en aucun cas espérer mieux, vu leurs statuts de tôliers, d'électriciens ou de récidivistes de droit commun”, lit-on dans l'éditorial. Loin d'être une accablante accusation, le papier semble être plutôt une invitation à la lucidité, au professionnalisme et implicitement au choix d'un camp : celui de la République ou celui de la barbarie qui ensanglante le pays. La poursuite de la mobilisation des médias comme durant la décennie noire, d'autant que l'horreur qui a fauché également des journalistes demeure la même. “La première attitude à adopter est de montrer que nous ne sommes pas terrorisés et que notre aversion ne se confectionne pas dans les rotatives, certains illuminés ont même véhiculé des projets de société dont on se serait bien passés”, et le comportement suggéré pour retourner “la balle” dans le camp de “la pieuvre aux tentacules maléfiques”. Car, conclut l'éditorialiste par cette sentence : “Ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que souvent, c'est la morale que l'on veut nous imposer”. Et c'est justement de cette innommable morale qu'on veut nous imposer qu'il s'agit de combattre. Djilali B.