Les réticences israéliennes et palestiniennes à faire le premier pas pour le début d'application du nouveau plan de paix et le climat de violence qui entoure cette initiative réduisent considérablement les chances de succès de l'opération. Dès l'annonce officielle du contenu de la “feuille de route” parrainée par le quartette, qui regroupe les Etats-Unis, la Russie, l'ONU et l'UE, Israël et l'autorité palestinienne n'ont pas tardé à réagir. Leurs réactions ne sont guère encourageantes pour la suite de l'opération. En effet, aucune des deux parties ne semble disposée à faire le premier pas. Les Israéliens veulent que Abou Mazen fasse d'abord cesser les attentats suicides et désarme les factions armées, alors que pour les Palestiniens, l'armée israélienne doit d'abord quitter les territoires occupés. Ces appréhensions interviennent dans un climat de violence nullement propice pour les initiatives de paix. L'attentat suicide palestinien de mercredi à Tel Aviv, dont le bilan s'élève à 3 morts et 55 blessés, et les représailles militaires israéliennes qui s'en suivirent et dont le bilan s'élève à 15 morts, laissent peu de place à des négociations de paix. Les extrémistes des deux bords, les mouvements ultras israéliens, partisans du grand Israël, et le Hamas, auquel s'associent les brigades des martyrs et le Djihad islamique, ne paraissent pas prêts à faire des concessions. Chacun campe sur ses positions, plus particulièrement l'extrême droite israélienne, qui ne veut pas d'un Etat palestinien quelles que que soient les circonstances. Cette situation complique énormément la mission de Mahmoud Abbas, qui a tenu son premier conseil du gouvernement en l'absence de Yasser Arafat. Il n'a fait que prendre acte de l'attentat suicide et des nouvelles démonstrations de force israéliennes et les condamner. Les choses n'ont guère changé du côté d'Ariel Sharon, malgré les appels des Américains à ne plus s'attaquer aux civils palestiniens. Le chef du Likoud attend des mesures palestiniennes avant de faire la moindre concession. Et tant qu'aucun pas n'est franchi par Israël, Abou Mazen ne réussira pas à désarmer les factions extrémistes palestiniennes, ni à les empêcher de perpétrer des attentats suicides. Le Hamas, les brigades des martyrs et le Djihad islamique ont tous rejeté les décisions du Premier ministre visant à les maîtriser. Il est clair que la mise en œuvre de la “feuille de route du quartette” ne pourra pas être concrétisée dans les circonstances actuelles marquées par une nouvelle flambée de la violence. Les états-Unis, l'Union européenne, la Russie et l'ONU, qui parrainent ce projet de paix, devront faire sérieusement pression sur les deux belligérants et plus particulièrement Tel Aviv qui n'hésite pas à réoccuper les territoires autonomes à la moindre attaque palestinienne. Ainsi, Condoleeza Rice, la conseillère à la sécurité de George Bush, a appelé Sharon à “réagir de façon positive” aux changements dans la direction palestinienne. Sur la même lancée, une porte-parole du département d'Etat, Joanne Moore, a demandé à Israël de prendre “toutes les précautions nécessaires” pour éviter que ses militaires ne tuent des civils palestiniens. Elle a ajouté que les affrontements “montrent la nécessité pour les deux parties de commencer à travailler directement entre elles”. Mais comme Ariel Sharon n'en fait toujours qu'à sa tête, il est peu probable que des concessions soient faites d'une part ou d'une autre. Le projet du quartette a peu de chance d'aboutir à son objectif dans la conjoncture de violence actuelle. K. A.