L'essentiel de la bataille d'Irak est terminé, mais beaucoup reste à faire pour instaurer la démocratie dans ce pays, a déclaré jeudi soir le président américain George W. Bush, alors que son secrétaire d'Etat Colin Powell était attendu hier soir à Damas. “L'essentiel des combats est terminé en Irak. Dans la bataille d'Irak, les Etats-Unis et nos alliés l'ont emporté”, a dit le président Bush à bord du porte-avions Abraham-Lincoln croisant au large de la Californie, six semaines après le début de la guerre. M. Bush, qui n'a pas utilisé les mots "victoire" ou "fin de la guerre", s'est cependant voulu prudent, insistant sur l'importance des tâches restant à accomplir. "La transition d'une dictature à une démocratie prendra du temps. Notre coalition restera (en Irak) jusqu'à ce que notre travail soit accompli." Les opérations militaires, lancées le 20 mars, ont permis d'obtenir "une victoire dans la guerre contre le terrorisme", a-t-il dit. "Nous avons éliminé un allié d'Al-Qaïda et supprimé une source de financement du terrorisme", a-t-il ajouté. M. Bush a mis en garde tout pays qui soutiendrait des groupes terroristes et chercherait à acquérir des armes de destruction massive. Ces pays représenteraient "un sérieux danger pour le monde civilisé et seront combattus", a-t-il dit, dans une allusion à l'Iran et à la Corée du Nord. A Damas, Colin Powell devrait de nouveau insister pour que la Syrie cesse de soutenir d'une façon ou d'une autre toute activité terroriste internationale. Washington a régulièrement accusé Damas d'avoir aidé militairement l'Irak, accepté de stocker des armes irakienns de destruction massive et accueilli d'anciens responsables irakiens. Les Etats-Unis reprochent également à la Syrie d'abriter et de soutenir des organisations "terroristes" comme les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique ou le Hezbollah libanais, de violer les droits de l'homme, et d'occuper le Liban. Face à ces accusations, la Syrie a fermé hermétiquement sa frontière avec l'Irak, expulsé de son territoire des responsables irakiens qui y avaient trouvé refuge et adopté un ton modéré sur les dossiers irakien et israélo-arabe. En Irak, où certains imams ont d'ores et déjà lancé des appels au calme à l'occasion de la prière du vendredi, des hommes armés ont tenté, dans la nuit de jeudi à vendredi, de libérer deux personnes arrêtées par la police de Najaf (160 km au sud de Bagdad) soupçonnées dans l'assassinat du fils d'un dignitaire religieux chiite irakien, Abdel Majid Al-Khoï. Agé d'une cinquantaine d'années, Al-Khoï, un modéré favorable à la coalition américano-britannique, avait été assassiné à son retour de Londres après un long exil. Deux nouveaux dignitaires arrêtés Deux responsables du régime irakien, déchu, de Saddam Hussein, parmi les plus recherchés par les Etats-Unis, se trouvent aux mains dela coalition américano-britannique, a annoncé vendredi le Commandement central américain. Il s'agit du vice-président Taha Mohieddine Maarouf et du vice-Premier ministre et ministre de l'Industrialisation militaire, Abdel Tawab Moulla Howeich, a précisé le Centcom dans un communiqué. Il n'a pas précisé dans quelles circonstances ils avaient été arrêtés. Taha Mohieddine Maarouf et Abdel Tawab Moulla Howeich sont respectivement les numéros 42 et 16 sur la liste établie par les Etats-Unis des 55 membres du régime de Saddam Hussein les plus recherchés. M. Maarouf est le Neuf de carreau et Howeich le Dix de Coeur dans le jeu de cartes regroupant 52 des 55 responsables mentionnés sur la liste. M. Maarouf, septuagénaire d'origine kurde, avait été nommé vice-président de la République irakienne en 1979, peu de temps après l'accession de Saddam Hussein à la présidence. Les arrestations de MM. Maarouf et Howeich portent à 17 le nombre d'anciens responsables irakiens recherchés à se retrouver aux mains des Américains. Un 18e a été tué lors d'un bombardement.