Au cours de sa première grande conférence de presse hier à l'Elysée, le président français a réclamé qu'en matière d'immigration, la France aille “jusqu'au bout” de la politique de quotas. Sarkozy n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger ses détracteurs. Assurant que tout le monde sait que “c'est la seule solution”, le locataire de l'Elysée a martelé qu'il faut “arrêter de vouloir protéger les uns et de ne pas choquer les autres”. La France continuera donc à renvoyer chez eux ses immigrés indésirables, selon un quota qui sera débattu dorénavant par le Parlement. Certainement pour mouiller toute la classe politique et faire taire ainsi les innombrables voix scandalisées par la nouvelle politique française, qu'elles assimilent à du racisme et contraire à l'humanisme français. Une semaine auparavant, le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux avait estimé entre 23 000 et 24 000 le nombre d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière en 2007, en dessous de l'objectif de 25 000 qu'il s'était fixé, et cela malgré les fermes instructions ordonnées aux préfets. Pour ne pas paraître singulier en Europe, Sarkozy a déclaré lors de sa conférence de presse que l'Italie et l'Espagne avaient demandé l'organisation, avec la France, “d'expulsions collectives” d'étrangers sans papiers présents dans ces trois pays. La politique de l'immigration du président français n'est pas très éloignée de celle prônée depuis des lustres par Le Pen. La différence est que Sarkozy admet le recrutement de bras et de cerveaux étrangers pour faire tourner la machine française. C'est ce qu'il a appelé “l'immigration choisie” et qu'il avait commencé à mettre en œuvre lorsqu'il était ministre de l'Intérieur sous le règne de Jacques Chirac : immigration choisie, contrats à durée déterminée, visas biométriques, obstacles en tous genres pour les regroupements familiaux dont les fameux tests ADN, guerre contre les mariages avec les communautés du Sud au prétexte que ce sont des mariages à blanc, lutte sans merci contre les sans-papiers et reconduite massive aux frontières. “Cela ne correspond pas à notre culture”, l'avait averti son Premier ministre Dominique De Villepin mais qui n'a rien pu faire. La porte de l'Elysée franchie, Sarkozy systématise immédiatement dans une loi sa panoplie de mesures draconiennes, lesquelles, dans bien des cas, sont en violation flagrante avec la Constitution française et les conventions européennes des droits de l'homme. Ce qui lui avait valu un volet de bois en France même malgré ses multiples serments sur la nécessité de fixer en fonction des besoins de l'économie française et des capacités d'accueil de la France, le nombre de personnes admises à s'y installer. Les manifestations de personnalités et d'associations de droits de l'homme sont restées sans écho, et pour éponger les cerveaux des pays du tiers-monde, Sarkozy leur offre des cartes de séjour d'une durée de cinq années, le temps pour eux de bien assimiler “la civilisation française”. En fait, Sarkozy a fait de l'immigration l'un de ses principaux chevaux de bataille. En plus des quotas, il prône désormais le “volontarisme républicain” : en d'autres termes, il fait de la sélection des candidats à l'immigration et du renforcement des contrôles, le gage de la réussite de l'intégration des immigrés. D. B.