Au cours de cette sortie médiatique, le ministre de l'Intérieur a, également, abordé la crise de Kabylie, l'état d'urgence et la gestion des collectivités locales. Le ministre de l'Intérieur multiplie, ces derniers temps, ses sorties pour essayer d'occuper le terrain. Il a été, hier, en fin d'après-midi, l'invité d'une émission du service de l'information de la Chaîne III, au cours de laquelle il s'est exprimé sur plusieurs questions d'actualité. La situation en Kabylie a été l'un des thèmes sur lequel a porté le débat. Le ministre de l'Intérieur a réaffirmé ses déclarations tenues, ces derniers jours, au cours de ses déplacements dans plusieurs wilayas. Le membre du gouvernement de Benflis croit dur comme fer que la situation s'est nettement améliorée dans cette région. Cette dernière a vécu “des années d'agitation”, affirme Zerhouni qui ajoute que c'est un vent de folie qui a soufflé en tentant de faire la genèse de la crise. Il pense que le calme est revenu et que l'heure est à la sagesse pour reprendre ses dernières trouvailles sémantiques. Cette impression se dégage dans les propos utilisés pour parler du dossier des élections partielles, plusieurs fois reportées en raison des appréhensions du pouvoir. “La situation est favorable à la tenue de ces élections. La population se détache et ne se reconnaît plus en certains extrémistes”, dit-il. S'agissant de la date de la tenue de ce scrutin, le ministre a refusé de la donner précisant seulement qu'elle “se situera dans le créneau proposé par les partis consultés, à savoir entre mai et juillet prochain”. Le représentant de l'Exécutif ne s'est pas arrêté à ce stade puisqu'il révèle que “la solution à la crise est en cours”. Sans donner plus de précisions, ni de détails sur cette “nouvelle recette”. Auparavant, il a indiqué que des consultations se font avec les élus locaux et des personnalités respectables de la région, refusant là aussi de livrer des indices qui peuvent éclairer la population. Concernant la gestion de la crise en Kabylie, Zerhouni a eu cette réponse qui résume toute la stratégie appliquée depuis le début “nous avons préféré accompagner le mouvement que de le gérer”. Et d'ajouter : “D'ailleurs, on a mis plus d'un an pour arrêter les gens qui sont derrière ces événements. Certains citoyens nous ont même reproché pourquoi avoir tant attendu pour le faire.” Le ministre de l'Intérieur a également répondu à la question de la libération des détenus en affirmant : “La justice fait son travail dans la sérénité, elle a besoin de recueillir les témoignages. C'est à elle de trancher sur cette question.” Une manière comme une autre de fuir le débat, pourtant d'actualité. La libération des détenus reste pour beaucoup d'acteurs en Kabylie comme la première, voire même la principale mesure d'apaisement. Au passage, Zerhouni a affirmé, en réponse à une question d'un journaliste, que le mouvement “s'effiloche” et ses animateurs “sont de moins en moins représentatifs. Moins de gens les suivent maintenant”. A une question sur l'audience que lui aurait demandée l'homme d'affaires, M. Issad Rebrab, au lendemain de la marche historique du 14 juin 2001, le ministre de l'Intérieur a eu cette réponse lapidaire : “Il (Rebrab ndlr) ne m'a pas demandé une audience. Je ne refuse pas de recevoir les gens.” Le deuxième sujet abordé, au cours de l'émission d'hier, a trait à la disparition des 31 touristes étrangers dans le Sud algérien. Sur cette question, le ministre de l'Intérieur a livré quelques éléments d'informations susceptibles d'éclairer l'opinion publique nationale et internationale. “Nous avons de fortes présomptions que les touristes sont toujours en vie”. La déclaration optimiste du ministre de l'Intérieur se base sur des données qu'il a livrées au cours de l'émission : “Nous avons trouvé des indices qui indiquent qu'ils sont en vie. Nous avons trouvé des messages écrits de ces touristes dans lesquels ils affirment être toujours en vie, et des vêtements, notamment au Sud de la wilaya d'Illizi”. Zerhouni a précisé que ces indices datent du 28 avril dernier suite aux opérations d'intenses recherches et de ratissage qu'effectue l'armée dans la région. A la question de savoir si ces touristes ont été kidnappés par des terroristes du GSPC de Hattab, le membre du gouvernement a refusé de confirmer ou d'infirmer, déclarant que les autorités n'excluent “aucune piste”. Toutefois, Zerhouni a tenu à apporter quelques clarifications sur la disparition de ces touristes : “Ils sont venus d'une manière individuelle sans guide, sans passer par une agence de voyages. Ils se sont peut-être aventurés sur des chemins qui ne sont pas connus des guides, et puis il ne faut pas oublier qu'à cette période il y a eu de fortes tempêtes de sable qui ont fait des victimes chez nous”. Et de conclure : “Il est possible qu'ils se soient égarés”. Le ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, parlé d'autres sujets aussi sensibles et importants. “L'état d'urgence ne me dérange pas. C'est un faux problème”. Il a tenté de convaincre que la levée ou pas de ce dispositif n'empêche ni ne dérange les libertés. Il affirmera, au passage, qu'aucun “gouvernement ne tolérera une marche à Alger parce qu'il n'y a aucun parti ni organisation capable d'encadrer une marche dans la capitale”. Enfin, il est important de signaler que le ministre de l'Intérieur a longuement abordé, durant cette émission, la question de la gestion des collectivités locales. La refonte du code communal, la fiscalité communale, la relation entre l'élu et l'administration, la décentralisation, la formation du personnel et l'effacement des dettes des communes sont autant de sujets passés au crible par Zerhouni. M. A. O.