Durant son séjour en Israël et dans les territoires palestiniens, le président américain a peint un tableau tout en rose pour l'avenir de la région. Promettant monts et merveilles à ses interlocuteurs, George Bush semble avoir négligé la réalité du terrain en affirmant résoudre, en moins de douze mois, un conflit qui dure depuis plus d'un demi-siècle. “J'ai une échéance, j'ai douze mois”, a-t-il notamment affirmé. Avant d'ajouter : “Et je suis sûr qu'ils le feront et je crois que c'est possible. Pas seulement possible, je crois que cela va arriver, qu'un accord de paix sera signé avant que je quitte mes fonctions.” Voilà de belles promesses, qu'il aura toutes les peines du monde à concrétiser tant le fossé entre Palestiniens et Israéliens et grand. En effet, les divergences sont si profondes, particulièrement sur certains points, qu'il est utopique de croire les résoudre en un laps de temps. Nul n'ignore que sur les questions des réfugiés palestiniens, du statut de Jérusalem et des colonies israéliennes, pour ne citer que celles-là, les responsables israéliens et palestiniens sont aux antipodes les uns des autres. Par son engagement à aboutir à un accord de paix, à travers la création d'un Etat palestinien avant fin 2008, George Bush a mis le couteau sur la gorge des dirigeants des deux parties. Ces derniers, pour ne pas contrarier le patron de la Maison-Blanche, se sont limité à relever uniquement les aspects positifs de ses propos, tout en mettant en sourdine les divergences de fond les opposant. En tout état de cause, chaque partie à mis en exergue ce qui lui était favorable dans les promesses “bushiennes”. Ainsi, pour les Palestiniens, le fait qu'il ait exprimé “ses positions d'une manière plus claire, notamment en insistant sur la nécessité de la fin de l'occupation qui a commencé en 1967”, constitue une avancée, selon Nimer Hammad, un conseiller politique du président palestinien Mahmoud Abbas. Il estime qu'“il a mis l'emphase sur un règlement politique de la cause palestinienne, avec la fin de l'occupation, et non pas sécuritaire comme voulu par Israël”. Optimisme également du côté israélien, si l'on se fie aux déclarations du porte-parole de la présidence du Conseil, Mark Regev, lequel a déclaré : “Les déclarations de Bush sont acceptables pour la partie israélienne. Nous les considérons favorablement. Ce qui a été dit par le président est en accord avec les ententes entre nous et les Etats-Unis.” Et de conclure : “Cela s'inscrit dans la continuité de la politique de Bush en faveur de la paix.” À voir ce pavoisement, la paix est pour bientôt, mais attention au réveil brutal qu'imposera la réalité des choses, tellement les différends sont profonds. Reste à savoir cependant si George Bush ne compte pas faire céder une des deux parties en conflit au détriment de l'autre. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner laquelle. A. K.