D'Alger à Oran, en passant par Saïda, Blida, Aïn Témouchent et Bouira, le constat est le même : on efface tout et on recommence… On installe par-ci, on réinstalle par-là. Le chef de daïra choisit untel, le wali ou le wali délégué opte pour un autre. Des procès-verbaux d'installation des nouvelles APC sont dressés, puis changés. Parfois, un simple coup de fil d'un supérieur (?) suffit pour annuler une opération, pourtant légale, pour recourir aux parachutages et autres dosages… Les assemblées municipales élues dans les conditions que l'on sait, n'en finissent pas de faire parler d'elles. Négativement. Pleines de petites “histoires” souvent risibles, mais surtout nuisibles à la réputation de ces mairies et à l'Etat en général, sont signalées un peu partout sur le territoire national. Morceaux choisis : Dans la capitale, à Hydra, le wali délégué de Bir Mourad Raïs, a installé, mercredi dernier, Farah Ahmed Nacer, élu FLN à la tête de l'APC, suite au vote et à l'engagement signé par ses paires, un procès-verbal faisant foi. Le lendemain, le même wali convoque les élus du FLN et leur demande d'élire leur P/APC dans une salle de la mairie. Mais au moment où les élus désignaient leur maire, le wali, reçoit un coup de téléphone et annule illico presto le vote. Il demande alors aux élus de reporter l'opération pour samedi. Comme convenu, ces derniers se présentent ce jour-là à la mairie à 14h, mais coup de théâtre, le wali n'est pas là ! Hier, une autre cérémonie, agrémentée de petits fours et de boissons, a consacré, contre toute attente, le nommé Benour Karim, élu FLN, président de l'APC d' Hydra, nous révèle un membre de la kasma, chagriné par le “coup bas” du wali, d'autant plus que les citoyens de cette commune “soutiennent Farah Ahmed Nacer”. À Meftah, dans la wilaya de Blida, ce fut carrément un coup de force de l'administration contre la volonté des partis politiques, pour imposer un maire du FLN. En effet, le RND, le PRA et El Islah qui ont obtenu respectivement 5, 2, 2 sièges ont fait alliance contre le FLN qui, lui, a obtenu 6 sièges, pour ravir la présidence à ce parti. Cependant, et malgré la supériorité numérique de la coalition, le wali de Blida a, quand même, intronisé, d'autorité, l'élu du FLN. Mécontents, les représentants des trois partis ont quitté la salle et boycotté la cérémonie en attendant, nous dit- on, de porter l'affaire devant les tribunaux. À Bouira, l'APC de Aïn El-Allaoui a été, elle aussi, installée par deux fois. À l'origine, une histoire d'erreur dans les âges des postulants à la présidence. L'égalité dans le nombre des sièges entre les listes d'El-Islah et celles des indépendants a fait qu'il fallait choisir le plus âgé. Ainsi, le représentant des indépendants, né en septembre 1955 a été, initialement, installé, puis a été prié de céder son fauteuil à celui d'El-Islah, présumé né en juin de la même année… À Aghlal, dans la wilaya de Aïn Témouchent, le néo-P/APC fait parler de lui autrement. Cet élu du RND, Khaldi Mohammed, propulsé maire pour la seconde fois, est au centre d'une grosse polémique. En effet, les élus du FLN, du MSP et de AHD 54, refusent de cautionner sa nomination sous prétexte qu'il est sous le coup d'une condamnation judiciaire. Et pour cause, il est accusé d'avoir commis un “énorme préjudice” à la municipalité lors de son premier mandat entre 1985 et 1989. Ses contradicteurs rappellent qu'il a été exclu de l'APC par un arrêté du wali daté du 13/11/1993, coupable, selon le casier judiciaire n°2, d'avoir utilisé les deniers publics à des fins personnelles. Il n'empêche que cette personne est désignée en 2002, maire de Aghlal. Toujours à l'Ouest, dans la wilaya de Saïda, un élu d'El-Islah s'est distingué par un comportement indigne, en démissionnant de l'APW juste au lendemain de son élection. Motif ? Déçu de n'avoir recueilli que sa propre voix pour postuler au “perchoir” de la wilaya, cet ancien militant du FIS a préféré jeter l'éponge. À Oran, la guerre fait rage entre le FLN et le RND pour la désignation du maire. À Aïn Turck, on parle même de sept blessés suite à des échauffourées qui ont éclaté, hier, entre les deux camps qui se disputent la présidence de l'APC. Des exemples comme ceux-là sont malheureusement légion. Ils témoignent de la sensibilité du poste de président de l'APC, qui rime généralement avec passe-droits, népotisme, détournement de deniers publics et distribution clientéliste des logements et des lots de terrain. Loin d'être une course pour la prise en charge des préoccupations des citoyens, “les émeutes des APC” traduisent, à elles seules, la déliquescence de l'Etat, dès lors que la cupidité fait loi. H. M.