Le chancelier allemand lui a fait part de sa grande inquiétude quant au sort des touristes. Si chez nous les autorités tentent de dédramatiser l'affaire en développant, ces derniers jours, un discours rassurant, de l'autre côté de la Méditerranée, dans les pays d'origine des 31 touristes disparus, les signes d'affolement sont perceptibles au plus haut niveau des Etats. Dans une lettre qu'il a envoyée au président Bouteflika, le chancelier allemand Gerhard Schroeder exprime “sa grande inquiétude” concernant le sort des touristes. Le contenu de cette missive, rendu public par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, fait également état de l'aide offerte par Schroeder pour retrouver les disparus. Il propose, à cet égard, l'envoi d'experts allemands en renfort pour prendre part aux opérations de recherche. Le Premier ministre allemand demande surtout au chef de l'Etat algérien de “tout mettre en œuvre pour sauver les touristes”. C'est mercredi dernier que Bouteflika a reçu cette lettre des mains du ministre allemand des Affaires étrangères, Juergen Chrobog. A la fin de l'audience présidentielle, l'envoyé spécial de Berlin s'est contenté d'évoquer très brièvement l'objet de sa visite. Il a parlé de l'affaire des touristes sans pour autant mentionner la lettre dont il était le porteur. Officiellement, les autorités allemandes évitent de se prononcer sur le sujet des disparitions. Préférant agir dans la discrétion, elles semblent, en revanche, faire lourdement pression sur l'Etat algérien en le mettant face à ses responsabilités. Le ton de la lettre de Schroeder, tel que révélé par Der Spiegel, le confirme. Schroeder demande à Bouteflika “de tout mettre en œuvre pour sauver les touristes”… Plus qu'une prière ou une sollicitation, cette déclaration sonne comme une injonction à l'adresse du président de la République. Plus nuancée et formulée comme une offre d'aide, la demande d'intervention d'experts allemands peut également découler d'une pression persistante. En effet, ce n'est pas la première fois que cette “disposition” à participer directement à la gestion de la crise est exprimée. Tout récemment, Der Spiegel a révélé les tentatives répétées des autorités allemandes pour convaincre Alger d'accepter la participation de représentants de la police antiterroriste allemande au dispositif de recherche et de secours. Selon cet hebdomadaire, ces experts contribueraient à dénouer politiquement la crise et éviter une intervention militaire à laquelle Berlin est fermement opposée. Bien entendu, de telles révélations laissent clairement entendre que les touristes ont été enlevés. Cette piste, tantôt créditée, tantôt écartée, trouve un nouvel écho dans la missive de Schroeder à Bouteflika. Le chancelier allemand demande à son correspondant de “sauver” les touristes… de les délivrer. De qui ? Intervenu, vendredi, sur les ondes de la radio nationale Chaîne III, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a refusé d'apporter une réponse précise à cette question. “Les autorités n'excluent aucune piste”, s'est-il contenté d'affirmer. Yazid Zerhouni dira pourtant que les touristes sont vivants. “Nous avons trouvé des messages écrits de ces touristes dans lesquels ils affirment qu'ils sont toujours en vie et des vêtements notamment au sud de la wilaya d'Illizi”, a-t-il indiqué. Sa révélation tranche avec les propos tenus la semaine dernière par le colonel Benboudria, chef du quatrième corps de la gendarmerie établi à Ouargla. Ce dernier avait, pour sa part, certifié qu'il n'y avait aucune trace des disparus. Selon lui, les touristes auraient fort probablement quitté le territoire national. S. L. Il sera auditionné par la commission culture et tourisme Zerhouni mardi à l'APN Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, se rendra mardi matin à l'Assemblée populaire nationale où il sera auditionné par la commission culture et tourisme sur l'affaire des touristes. Programmé à plusieurs reprises, ce rendez-vous a été à chaque fois reporté. Au sein de la commission parlementaire, la défection du ministre a été très mal perçue. Un coup de fil de ce dernier, hier, au président de la commission a finalement arrangé les choses. Zerhouni s'est engagé à respecter son rendez-vous de mardi. Y révélera-t-il tous les dessous de l'affaire ? S. L.