Un communiqué de l'union locale UGTA de Rouiba, parvenu hier à la rédaction, qui fait un constat alarmant de la situation socioprofessionnelle des travailleurs de tous les secteurs, avertit qu'il existe actuellement un risque d'explosion sociale. “Nous constatons, malheureusement, que la cohésion sociale tant recherchée est aujourd'hui mise à mal par l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs qui constatent, avec désespoir, que celui-ci se dégrade de jour en jour et qu'aucun indice ne laisse espérer son amélioration”, est-il mentionné dans le communiqué. Sur les dernières augmentations des salaires décidées par le gouvernement, les syndicalistes affirment que celles-ci “ont été totalement banalisées et vidées de leur substance par les effets des augmentations constantes de tous les prix des produits, notamment ceux de large consommation”. Le document juge, par ailleurs, “insuffisantes ces augmentations” qui, selon les syndicalistes, “n'ont pas touché toutes les entreprises, notamment celles du secteur privé où il est encore difficile de créer un syndicat ou d'établir une convention d'entreprise”. Ces derniers semblent ne pas apprécier le silence affiché par les partis politiques par rapport à la question du pouvoir d'achat puisque le communiqué note que “l'amélioration du pouvoir d'achat ne saurait être le champ de bataille de l'UGTA uniquement, celle-ci interpelle la participation active, en vue de sa concrétisation, de tous les acteurs politiques et économiques qui devront s'appuyer, en conséquence, sur des paramètres d'évaluation objectifs du salaire minimum (SNMG) réel”. Les syndicalistes s'élèvent contre la décision de certaines sociétés de gestion des participations (SGP) qui “n'ont pas trouvé mieux que d'accorder des rémunérations et indemnités provocantes qui n'ont aucun rapport avec la situation financière de l'entreprise, au profit des responsables et cadres dirigeants (…) Au moment où les syndicalistes arrivent difficilement à arracher d'hypothétiques augmentations au profit des travailleurs”. Sur les opérations de privatisation, l'union locale de Rouiba remarque qu'il y a une volonté manifeste “visant la destruction des entreprises relevant du secteur public parmi les plus florissantes qui sont soumises, parfois dans l'opacité la plus totale, au processus de privatisation (…) et, dans beaucoup de cas, en violation des dispositions réglementaires en vigueur, notamment celles prévues par les résolutions du CPE”. Le communiqué observe qu'il y a absence totale de dialogue et que “les travailleurs sont souvent les derniers à en être tenus informés, et une fois leur outil de travail cédé”. À propos du problème de la précarité de l'emploi, les représentants des travailleurs notent que “la précarisation s'est généralisée à toutes les entreprises et administrations, suscitant ainsi un sentiment d'inquiétude chez les travailleurs”. Et d'ajouter qu'il existe une “absence de visibilité en matière de stratégie de lutte contre le travail informel qui menace les entreprises créatrices de richesses”, un phénomène qui, selon les syndicalistes, prive l'Etat d'importantes sources fiscales et accentue le phénomène du chômage chez de larges pans de la société. Les syndicalistes de Rouiba considèrent que le pays a besoin d'un secteur public fort, capable d'assurer un rôle régulateur qui doit être consolidé pour permettre à l'économie nationale de se développer davantage mais aussi pour assurer la cohésion et la stabilité sociales. M. T.