Chakib Khelil a réaffirmé qu'il ne s'agit pas de privatiser Sonatrach au moment où le projet de loi sur les hydrocarbures suscite craintes et opposition. Le Syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz animera, aujourd'hui, une conférence de presse où il sera question de la loi sur les hydrocarbures, contestant d'abord le fait que ce projet de loi, qui sera à l'ordre du jour de la session parlementaire d'automne, n'a été examiné ni par le Conseil des mini-stres ni par le Conseil de gouvernement. La Fntpg reproche ensuite aux concepteurs de ce projet de loi de ne pas avoir «consacré Sonatrach comme étant une entreprise publique pour la protéger». Pour ce syndicat, le ministre de l'Energie et des Mines «reste flou dans l'explication de son projet», lequel projet, avance le syndicat, «mènera au blocage de la relance économique du fait de la hausse du coût de l'énergie». S'exprimant dans les colonnes d'un confrère, hier, le secrétaire général de la Fntpg, M.Badreddine, a déclaré que son syndicat est prêt à dialoguer et à débattre à un haut niveau cette loi. Cependant, si le gouvernement n'apporte pas des amendements à cette loi, il (le syndicat) s'en remettra à ses 16.000 travailleurs, a-t-il implicitement menacé, tout en prenant à témoin la presse nationale et la société civile. Le ministre de l'Energie et des Mines a réaffirmé, dans une conférence de presse organisée dimanche à l'hôtel Hilton, que le projet de loi sur les hydrocarbures ne vise nullement à privatiser Sonatrach. Pour le ministre, il s'agit surtout de redonner à l'Etat son rôle de régulateur pour ainsi dire couper les vannes aux barons de la rente. Evoquant indirectement ces barons, Chakib Khelil a rappelé que les mêmes entraves ont été constatées lors de la loi sur les mines et celle de l'électricité. Depuis que l'Algérie s'est engagée sur la voie des réformes, des craintes et des oppositions ont été suscitées. L'on se rappelle que la signature des accords-cadres avec le FMI a été perçue au début comme «une atteinte à la souveraineté nationale». Bon gré mal gré, les réformes ont poursuivi leur petit bonhomme de chemin à l'ombre de la violence. Dix ans après, l'Algérie peine encore à privatiser de «petits hôtels», voire des galeries de quelques centaines de mètres carrés. Dans ce sens, il convient de s'interroger sur le pourquoi et surtout comment «privatiser Sonatrach», si volonté de privatiser il y a. Ou encore pourquoi penser à attirer des financements extérieurs à une société qui réalise un bénéfice de 2,4 milliards de dollars? En d'autres termes, ne risque-t-on pas, à force de vouloir activer les choses, de reproduire l'expérience vécue en Argentine et en Albanie? Il est clair que le débat fait cruellement défaut sur un sujet qui transcende le ministère de l'Energie et le syndicat (Fntpg). La récurrence de la question, qui irrite Chakib Khelil: «Allez-vous privatiser Sonatrach, Monsieur le ministre?», est due, en réalité, au fait qu'on n'a pas assisté à des débats entre spécialistes capables d'expliquer au citoyen une loi qui engage un secteur qui le fait vivre.