La centrale syndicale s'opposera-t-elle avec la même vigueur à cette nouvelle donne? Dans une déclaration à une revue étrangère reprise par la revue de Sonatrach parue récemment, Ahmed Ouyahia a indiqué que l'une des priorités économiques du gouvernement sera l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Balisant ainsi la voie, M.Ouyahia va remettre au goût du jour cet avant-projet même sans Chakib Khelil donné par certaines sources comme partant de la tête du ministère de l'Energie et des Mines. Le chef du gouvernement n'a pas indiqué si d'autres amendements seraient portés à l'avant-projet gelé par le président de la République depuis 2003. Le recadrage de la législation sur les hydrocarbures a placé Sonatrach au centre d'une polémique cruciale depuis la parution de la première mouture de l'avant-projet de loi en septembre 2001. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, initiateur de l'idée, a été montré du doigt comme voulant «privatiser Sonatrach» malgré ses assurances. «Il n'est pas question de privatiser Sonatrach» avançait-il à chaque déclaration en argumentant que «l'entreprise pétrolière a généré des bénéfices de l'ordre de 2.4 milliards de dollars et un avenir certain et rentable à long terme». S'exprimant en tant que secrétaire général du RND il y a plus d'une année, alors que la polémique atteignait son apogée, Ahmed Ouyahia a eu à dénoncer la privatisation de Sonatrach et de s'interroger sur le pourquoi «de la révision d'une loi qui a permis au pays de renflouer ses réserves de change». Ayant fait partie du groupe d'organisations qui ont soutenu l'élection de M.Bouteflika, l'Ugta s'opposera-t-elle avec la même vigueur au changement de statut de Sonatrach? Dénoncé et rejeté par la fédération des pétroliers, l'avant-projet a subi des modifications mineures en prévision de son examen par le Conseil du gouvernement en octobre 2002. C'est l'unique concession faite à l'Ugta et qui réside dans l'augmentation de la participation de Sonatrach à l'exploitation des gisements concédés à d'autres opérateurs. Elle a été portée à un niveau compris entre 20 et 30%. En revanche, le ministère de l'Energie a maintenu son projet de transformer les missions de puissance publique exercée par Sonatrach à deux agences : l'autorité de régulation et l'agence de valorisation des hydrocarbures. Au summum de la polémique à Alger sur l'une des lois les plus confuses, les Américains ont fait une intrusion dans ce débat national. Ils ont été les premiers à participer à ce débat conseillant notamment à l'Algérie une ouverture rapide à la concurrence de l'ensemble des branches d'activité du secteur de l'énergie. «Vous avez bien fait de lancer cette démarche importante que nous soutenons» a déclaré l'ex-ambassadrice américaine Janet Sanderson lors de l'ouverture du Salon de l'énergie en 2002 à Alger. Le secrétaire adjoint au département américain du commerce, en visite à la même période à Alger, s'est mis lui aussi de la partie. Il faut que «l'Algérie revoie sa législation surtout dans le secteur des hydrocarbures pour une plus grande participation des entreprises étrangères» a-t-il déclaré ajoutant que «les entreprises américaines sont prêtes à aider à exploiter au mieux ses ressources afin que celles-ci soient disponibles sur le marché mondial».