L'Assemblée nationale est sortie quelque peu de la torpeur dans laquelle elle était plongée depuis son installation au début de juin dernier à la faveur d'une passe d'armes entre des députés du RCD et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ali Brahimi, élu du Rassemblement pour la culture et la démocratie, s'est enquis auprès du membre du gouvernement du sort réservé aux milliers de fusils de chasse, retirés à leurs propriétaires, au début des années 1990. Il a cherché à savoir si ces armes sont toujours détenues par les services de sécurité, si elles n'ont pas été endommagées et si le gouvernement pense exproprier les citoyens de ces biens. Noureddine Yazid Zerhouni a expliqué que la réquisition de ces fusils a été imposée par la précarité de la situation sécuritaire qui prévalait à l'époque. “Les propriétaires de ces armes auraient constitué une cible pour les terroristes si l'Etat n'avait pas pris cette disposition”, a-t-il affirmé, en indiquant qu'environ 5 000 armes ont été, malgré tout, subtilisées par les groupes armés. Tout en soutenant que les citoyens, touchés par ladite mesure, sont toujours considérés comme les propriétaires légitimes de ces fusils de chasse, il a annoncé que leur restitution “est prématurée, car des indices fournis par le cours des événements indiquent que les terroristes sont toujours à la recherche de nouvelles armes”. Il a promis de rendre les armes ou d'indemniser leurs possesseurs originels dès que la menace sera levée définitivement. Ali Brahimi a jugé la mesure discriminatoire dès lors que des citoyens ont été armés au moment où d'autres sont dépossédés de leurs fusils. Il a cité son propre cas. “Comment ces derniers peuvent-ils se défendre ?” a-t-il lancé, appuyé par son collègue Noureddine Aït-Hamouda. Vraisemblablement irrité, le ministre a suggéré aux députés de rejoindre le groupe des patriotes. “À ce moment-là, nous ne vous donnerons pas des fusils de chasse, mais des kalachnikovs.” Leïla Hadj Arab, également députée RCD, a accusé le gouvernement d'être absent lors des incendies de forêt dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'été dernier. “Vous n'avez pas le droit de dire que l'Etat était absent, Madame”, a répondu M. Zerhouni. Il a informé que 238 interventions des services de la Protection civile ont été enregistrées dans cette wilaya durant la saison estivale. “Pourtant, la situation sécuritaire à Tizi Ouzou ne permet pas des interventions faciles”, a-t-il précisé. Il a ajouté que 25 engins spécialisés ont été opérationnels dans la région. L'Etat a dégagé 18 millions de DA pour accorder des logements ruraux à 53 familles sinistrées par le feu. Une autre a obtenu un logement social participatif. Le ministère de la Solidarité nationale a apporté, de son côté, une aide financière évaluée à 100 millions de dinars. “Nous avons pris de nouvelles dispositions de prévention contre les incendies de forêt. Nous doublerons l'effectif de la Protection civile comme nous l'avons fait pour la police dans le cadre de la lutte antiterrorisme.” Le député Mustapha Kouadri Abdelkader a demandé pour quelles raisons astreindre la femme à ôter son foulard et l'homme à raser sa barbe pour la prise de photos destinées à figurer sur les documents officiels comme le passeport, la carte d'identité nationale ou le permis de conduire. Le ministre de l'Intérieur a assuré qu'il ne faudra nullement prendre cette disposition comme une tentative de soustraire quiconque au port du voile ou de la barbe. “Il faut que les documents officiels permettent d'identifier sans équivoque leurs possesseurs”, a-t-il expliqué. Il a annoncé qu'avant 2010, tous les passeports seront soumis au système de lecture électronique avant d'élargir la procédure aux cartes d'identité nationale. S. H.