Les demandes d'asile accordées et les regroupements familiaux ont diminué en 2007. La France, qui se réjouit d'avoir donné un tour de vis sur ce plan-là, souhaite, à l'avenir, une immigration de qualité en visant des étrangers ayant des bagages scientifiques solides. Visas biométriques, quotas, tests ADN, contrôles aux guichets des préfectures, expulsions massives, coopération avec les autres pays de l'UE : depuis quelques années, la France a multiplié les signaux pour décourager les candidats à l'immigration mais ne semble pas parvenir à endiguer les flux. La politique migratoire a beau être durcie, les candidats ne manquent pas et les harragas n'en sont que la preuve la plus éclatante, quitte à noyer leurs rêves au fond de la Méditerranée. “Plutôt servir de nourriture aux poissons qu'aux vers de notre terre ingrate”, dit d'ailleurs une complainte de ces désespérés. Dernier barrage dressé sur leur chemin de croix, le durcissement des conditions d'installation de conjoints de Français. Une décision qui semble se fonder sur un constat selon lequel l'acte de mariage est parfois assimilable à un visa. C'est le mouvement des Amoureux au Ban public qui a révélé l'implantation de ce nouvel obstacle. Le mouvement a dénoncé, mardi, une “nouvelle attaque inacceptable du droit des couples mixtes de mener une vie familiale normale en France”, en citant des passages du rapport du dernier Comité interministériel de contrôle sur l'immigration. Ce mouvement, qui regroupe plusieurs collectifs, créé depuis plusieurs mois pour défendre les droits des couples constitués d'un Français et d'un conjoint étranger, assure, dans un communiqué, que le 4e rapport du Comité interministériel, du mois de décembre 2007, “programme de poursuivre la destruction du droit de mener une vie familiale des couples mixtes afin de réduire le nombre d'admissions au séjour des ressortissants étrangers mariés à des Français”. Le rapport “propose de rendre plus difficile l'obtention d'un titre de séjour par les étrangers conjoints de Français en faisant dépendre cette délivrance de la qualité du lien entre les membres du couple, de l'intensité du lien du couple avec la France par rapport à celle de son lien avec le pays d'origine du membre étranger du couple et du niveau d'employabilité en France du membre étranger du couple”. L'association estime que ces propositions impliquent un “renforcement de l'intrusion policière dans la vie privée des Français et de leur conjoint étranger”, envisagent que “des Français soient contraints de quitter leur propre pays pour ne pas être séparés de leur conjoint étranger” et “la possibilité que des conjoints de Français soient jugés indésirables s'ils ne sont pas utiles à l'économie française”. Les Amoureux au ban public dénoncent notamment “la multiplication des procédures d'opposition à mariage, les difficultés pour obtenir la transcription des unions célébrées à l'étranger, la multiplication des refus de visa ou de titres de séjour, l'éloignement des conjoint(e)s de français(e)s en situation irrégulière et les enquêtes de police sur la communauté de vie ne respectant pas les règles élémentaires de déontologie”. Par ailleurs, le recours au droit d'asile comme moyen de s'installer en France s'est aussi compliqué. En 2007, quelque 35 000 demandes ont été reçues, soit une baisse de 10,5% par rapport à 2006, et 26 400 ont été déboutées contre 32 000 l'année précédente, a indiqué le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux dans une interview au Figaro Magazine samedi. M. Hortefeux affirme que le nombre de clandestins — situés officiellement dans une fourchette entre 200 000 et 400 000 — a diminué de 6% en 2007. Il indique que “4 indicateurs” lui permettent de justifier ce chiffre. En premier lieu, cite-t-il, le nombre des sans-papiers bénéficiant de l'aide médicale d'Etat a baissé de 4% entre septembre 2006 et septembre 2007. Ensuite, M. Hortefeux affirme que “près de 23 200 éloignements” de sans-papiers “raccompagnés dans leur pays d'origine” ont eu lieu en 2007. Au total, depuis 2002, date à laquelle la gauche a perdu le pouvoir, ce sont plus de 105 000 clandestins qui ont quitté la France, a ajouté le ministre. Brice Hortefeux indique en troisième lieu que 26 500 étrangers qui tentaient d'entrer illégalement en France ont été “refoulés” en 2007, soit 205 000 étrangers ainsi “raccompagnés avant même d'entrer sur notre territoire” depuis 2002. Le ministre se félicite qu'entre 2006 et 2007, le nombre de l'immigration de travail soit passé de “moins de 10 000 personnes à plus de 16 000”. Dans le même temps, l'immigration familiale a diminué de 12,3% (88 005 personnes contre 100 323). “C'est la première fois depuis 30 ans que l'immigration familiale diminue de façon significative”, se réjouit Brice Hortefeux. Il souligne enfin qu'“une véritable politique de quotas fait partie de nos priorités pour l'année 2008”, comme le lui a demandé le président Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse de rentrée. Pour les candidats à l'émigration, le meilleur ticket reste les études. Le nombre d'étudiants étrangers en France est passé de 150 000 en 1998 à 265 000 en 2006, faisant de l'Hexagone le troisième pays d'accueil d'étudiants étrangers après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Toutefois, à l'avenir, le but n'est pas de “doubler ou tripler le nombre d'étudiants étrangers en France, mais d'avoir de la qualité du point de vue académique”, a déclaré Gérard Blinder, président de l'agence. Les secteurs d'études que l'agence souhaite voir privilégier sont “surtout les secteurs scientifiques de pointe : mathématiques, biotechnologies, énergie, environnement, sciences de l'information et de la communication, informatique, etc.”, a précisé M. Siganos. Le niveau d'études privilégié est celui du master (bac+4 ou+5), voire du doctorat (bac+8). Brûler ses neurones est assurément plus confortable que de brûler les frontières. Y. K.