Alors que le mouvement des lycéens a baissé d'un cran, hier, le ministre a promis que les sujets que comportera l'examen du baccalauréat seront adaptés aux contenus dispensés au niveau national. “Depuis l'institution de l'examen du baccalauréat, seulement 80% du programme sont étudiés par les terminales, c'est la comme si nous amputions des leçons de l'année, et ce n'est pas une exception cette année.” Cette déclaration a été faite, hier, par M. Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, lors d'une conférence de presse improvisée en marge de la rencontre éducation-habitat, à l'Institut national des travailleurs de l'éducation ex-ITE, à Ben Aknoun. Il a tenu à rassurer les terminales en promettant que les sujets que comportera l'examen du baccalauréat seront non seulement conformes aux nouveaux programmes, mais également adaptés aux contenus dispensés au niveau national. À cet effet, il a précisé que des mesures appropriées ont été prises dès la rentrée scolaire pour un meilleur suivi des classes d'examen. Une commission nationale a été également installée pour faire le point trimestriel sur l'état d'avancement des programmes. Cette dernière est présidée par l'inspecteur général du ministère et comprend des enseignants, des responsables de filière de chaque wilaya, ainsi que des élèves qui peuvent témoigner de l'état d'avancement des programmes. “Si les candidats du baccalauréat trouvent dans les sujets d'examen des leçons qui n'ont pas été faites durant l'année scolaire, ils n'ont qu'à sortir de l'examen et quitter l'épreuve”, a-t-il lancé. Quant à la méthode d'enseignement, l'approche par compétences, critiquée par les lycéens du fait qu'elle n'est pas encore maîtrisée par les professeurs, le premier responsable de l'éducation a rassuré les lycéens : “La méthode introduite dans les nouveaux programmes ne peut être appliquée au dispositif d'examen que de manière graduelle et ne sera pas mise en œuvre pour le baccalauréat de la session de juin 2008”, a-t-il précisé. M. Benbouzid a accusé, par ailleurs, les terminales “d'être manipulées” par certaines personnes qui visent à porter atteinte à la valeur et à la crédibilité du baccalauréat et à son exploitation à d'autres buts. “Je n'accuse personne ni les enseignants, qui font leur travail et encore moins les syndicalistes, mais les faits sont là. La police a arrêté certains individus distribuant des tracts, cachetés et signés Hamza Yahia, appelant les élèves de 3e années secondaire à se manifester contre le programme de la réforme et l'épreuve de la charia” a expliqué le ministre. Interrogé sur l'identité du “mystérieux” auteur du tract, Hamza Yahia, M. Benbouzid a répondu qu'il n'avait aucune autre information à ce sujet. Par ailleurs, il a déclaré que les établissements ont connu une certaine accalmie, voire même la reprise des cours dans plusieurs wilayas. Cependant, d'un ton ferme, le ministre a appelé les lycéens à reprendre leurs cours dès aujourd'hui sous peine de sanctions. “Désormais, les terminales qui sécheront leurs cours seront obligés de justifier leur absence avec une convocation des parents, sinon des sanctions administratives seront entreprises et cela à partir de ce mardi (aujourd'hui, ndlr)”, a-t-il averti. Cependant, les élèves de terminales ne semblent pas être rassurés par les déclarations du ministre, puisque hier encore ils se sont rassemblés devant leur établissement scolaire afin de crier leur inquiétude. Tandis que d'autres lycéens venus des établissements voisins, ont observé un sit-in devant l'annexe du siège du ministère de l'Education. La réforme : “La méthode du bac sera revue” Profitant de cette occasion, des questions ont été posées au sujet de la réforme. “La réforme fonctionne de manière graduelle. D'ailleurs, cette année nous entamons le 1er baccalauréat de la réforme, chose qui a fait peur aux lycéens. Je comprends cela car chacun de nous a peur d'entamer quelque chose de nouveau, mais je sens que le taux de réussite sera meilleur, car nous avons entamé un programme de qualité”, a souligné le ministre. Interrogé sur la question de la méthode d'examen du baccalauréat et notamment aller vers une deuxième session dans les années à venir, le ministre a déclaré qu'un dossier a été ouvert pour le suivi de cette question. “Je refuse la deuxième session, mais il y a un chantier qui est ouvert pour étudier les méthodes d'examen, notamment celui du baccalauréat. Des propositions ont été faites, notamment celui de passer le bac en deux phases : une lors de la deuxième année secondaire pour les matières optionnelles et la seconde en terminale pour les matières essentielles. Tout cela est encore au stade d'étude, il faut du temps pour arriver à prendre les décisions” a expliqué Benbouzid. Les syndicats chez le ministre Abordant le sujet de la grève dans son secteur, le ministre a déclaré que “les portes du dialogue sont toujours ouvertes”. À cet effet, il a reçu, hier matin, une délégation du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) afin de débattre de certains points de l'avant-projet du statut particulier. Tout en précisant que le volet de la grille des salaires n'a pas été débattu, car elle relève du gouvernement ; le ministre a annoncé qu'ils sont arrivés à se mettre d'accord sur certains volets, notamment celui des sanctions ainsi que du régime indemnitaire. “Je ne suis pas là pour sanctionner, ce chapitre sera revu. Les syndicalistes m'ont remis d'autres propositions qui seront étudiées avec les syndicalistes. Nous sommes ouverts à toutes les propositions et au dialogue”, a conclu le ministre de l'éducation. Nabila Afroun