Malgré les déclarations du ministre, les terminales veulent s'entretenir avec le ministre de l'Education afin d'avoir “les preuves tangibles” quant à l'allégement du programme. Les élèves de la troisième année secondaire ont fini par se faire entendre auprès du premier responsable de l'éducation nationale. Après l'ultimatum qui a été lancé, mercredi dernier, et la menace de boycott de l'examen du baccalauréat, le ministre de l'Education, a réagi à cette crise qui prend de l'ampleur et qui risque de faire tâche d'huile à travers le pays. Que ce soit par crainte de voir ce mouvement de protestation se transformer en manifestation publique ou par souci de préserver la relève, Benbouzid a franchi une nouvelle étape dans le règlement du problème en rassurant les terminales. “Les sujets que comportera l'examen du baccalauréat seront non seulement conformes aux nouveaux programmes, mais également adaptés aux contenus dispensés au niveau national”, a déclaré le ministre de l'Education dans un communiqué rendu public jeudi passé. À cet effet, il a précisé que des mesures appropriées ont été prises dès la rentrée scolaire pour un meilleur suivi des classes d'examen. Une commission nationale a été également installée pour faire le point trimestriel sur l'état d'avancement des programmes. Cette dernière est présidée par l'inspecteur général du ministère et comprend des enseignants et des responsables de matière de chaque wilaya. Quant à la méthode d'enseignement, l'approche par compétence, critiquée par les lycéens du fait qu'elle n'est pas encore maîtrisée par les professeurs, le premier responsable de l'éducation a rassuré les lycéens : “La méthode introduite dans les nouveaux programmes ne peut être appliquée au dispositif d'examen que de manière graduelle et ne sera pas mise en œuvre pour le baccalauréat de la session de juin 2008.” Par ailleurs, une première élaboration de modèles de sujets d'examen a été mise à la disposition des établissements scolaires pour familiariser les candidats au traitement de ces sujets, a-t-il indiqué. “Des cours de soutien en faveur de ces candidats ont été également mis en œuvre pour les préparer aux épreuves de l'examen”, a-t-il ajouté. Accusant les terminales “d'être manipulées à des fins politiques”, Benbouzid a appelé l'ensemble de la communauté éducative “à déjouer toute tentative destinée à porter atteinte à la valeur et à la crédibilité du baccalauréat et à son exploitation à d'autres buts”. Joints par téléphone, les délégués des terminales ne semblent pas très convaincus par les assurance de Benbouzid. Ils attendent d'être reçus par le ministre afin de lui expliquer la gravité de la situation. “Nous félicitons le ministre pour son geste, mais nous voulons être reçus et avoir des preuves tangibles qu'il va réellement réexaminer le programme. Cela, bien sûr, sera scellé par un contrat moral et écrit”, ont-ils répondu. Ils ont tenu à préciser que leur mobilisation n'a pas été manipulée ni par les enseignants encore moins par des syndicalistes ou les politiques. “Notre mouvement n'a rien à voir avec la politique, il a été créé suite à une concertation avec les autres lycées d'Alger. Nous sommes tous arrivés au même résultat : trop d'heures d'étude et de mauvaises notes. Le meilleur des terminales a une moyenne de 12 sur 20”, a déclaré Zoubida, déléguée du lycée Sacré-Cœur. Tout en précisant que le mouvement de contestation qui a débuté samedi dernier dans quatre lycées d'Alger Centre. Ces derniers vont reprendre les cours aujourd'hui et cela jusqu'au 26 de ce mois, date à laquelle ils risquent de reconduire la mobilisation à une grève illimitée si rien n'est fait. “C'est facile de mettre en place des commissions pour un suivi de loin, il faut se déplacer et assister au cours, afin de voir la surcharge du programme. Le ministre doit savoir également que les heures de rattrapage, destinées à des exercices, se sont transformées en cours normal”. “Certes, nous allons finir le programme et le sujet du bac portera sur l'un des cours étudiés, mais nous n'aurons rien assimilé. Selon des études scientifiques, en une heure de temps, l'élève absorbe 20 minutes de cours, alors vous imaginez le reste. Nous voulons de la qualité dans nos études !”, a expliqué Fayçal, délégué du lycée technique Abedellah-Ben Abbas. Il a précisé, que contrairement aux quatre lycées d'Alger, les autres établissements vont poursuivre le débrayage ouvert. “Les quatre lycées d'Alger Centre ont eu raison de reprendre les cours car cela fait une semaine qu'ils sont en grève, alors que nous, nous ne sommes qu'au deuxième jour. Ça serait une grève un peu spéciale avec un type de roulement afin de ne pas perdre du temps et se faire passer les cours, tout en protestant”, a-t-il proposé. Rappelons que le défunt Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, avait tiré la sonnette d'alarme, en appelant à une formation des enseignants avant de procéder à l'application de la réforme. Nabila Afroun