Face au concert de protestations internationales, provoqué par le blocus imposé depuis jeudi dernier à la population de la bande de Gaza, l'Etat hébreu a autorisé hier la livraison de quantités limitées de carburants au territoire palestinien. La “tragédie humaine” de Gaza, telle que dénoncée hier par le Premier ministre turc, Tayyip Recep Erdogan, a été partiellement allégée par la décision du gouvernement israélien de réapprovisionner ce territoire en carburant et médicaments. “La Palestine est déjà une prison à ciel ouvert. (...) Le peuple de Gaza est confronté à une tragédie humaine”, a affirmé Erdogan devant le groupe parlementaire de son parti l'AKP, pour protester contre le blocus israélien imposé à la bande de Gaza, qu'il a assimilé à une “punition collective” contre le peuple palestinien. Il a exhorté l'Etat hébreu à ne pas “punir” l'ensemble de la population de Gaza en raison de tirs de roquettes sur Israël à partir de ce territoire. Cette déclaration du chef du gouvernement turc reflète l'ampleur de la contestation qu'ont provoquée à l'échelle mondiale les agissements d'Israël. Ceci a amené le Conseil de sécurité à se réunir en début d'après-midi pour étudier la situation gravissime que vivent les Palestiniens de Gaza à la demande de la Ligue arabe. Ainsi, hier matin des camions-citernes chargés de 80 tonnes de gaz domestique et 60 000 litres de diesel ont franchi le terminal routier de Nahal Oz, entre Israël et la bande de Gaza. Israël a autorisé la livraison de 360 000 litres de mazout destinés à l'unique centrale de la bande de Gaza qui avait cessé de fonctionner dimanche faute de carburant, selon la même source. Le directeur de la centrale électrique de Gaza, qui fournit 30% de son électricité au territoire, a déclaré à ce sujet : “Si la quantité promise, c'est à dire 360 000 litres par jour, arrive, nous allons remettre en marche deux des quatre turbines et produire 55 mégawatts. Pour que la centrale tourne à plein régime et produise 80 mégawatts, il nous faut entre 450 000 et 500 000 litres par jour.” Selon Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président de l'Autorité palestinienne, le blocus a été allégé grâce à l'intervention de Mahmoud Abbas qui a “réussi à convaincre la partie israélienne de reprendre ses livraisons de fioul à la bande de Gaza dans les prochaines heures”. Cette médiation a été favorablement accueillie par le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, qui a déclaré : “Nous sommes confrontés à l'agression sioniste et nous devons nous féliciter des efforts de tous, à l'étranger comme en Cisjordanie.” Il faut dire que les dangers d'une grave crise humanitaire et la multiplication des appels internationaux pour lever le blocus ont fini par avoir raison des responsables israéliens, lesquels ont desserré l'étau sur Gaza, malgré le ton défiant des dirigeants du mouvement Hamas. Pourtant Ehud Olmert semblait inflexible, lorsqu'il lancé : “En ce qui me concerne, tous les habitants de Gaza peuvent se déplacer à pied et manquer d'essence pour leur voiture car ils sont gouvernés par un régime assassin qui ne permet pas aux habitants du sud du pays de vivre en paix.” En réaction, Mahmoud Zahar, le plus influent chef du Hamas dans le territoire, lui a rétorqué : “Nous vous promettons de continuer sur le chemin du jihad et de la résistance, quels que soient les sacrifices et les souffrances, et ce, jusqu'à la victoire ou le martyre.” Par ailleurs, deux roquettes ont été tirées hier matin sans faire de victime depuis la bande de Gaza contre le territoire israélien. K. ABDELKAMEL