L'arrêt de la fourniture d'aide à environ un million de Palestiniens de la bande de Gaza par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) augmente les risques d'une catastrophe humanitaire dans cette prison à ciel ouvert, d'où les nombreux appels à prévenir ce danger imminent. En cessant ses approvisionnements d'essence à la bande de Gaza après une attaque palestinienne, le 9 avril dernier, contre le terminal de Nahal Oz, seul point de passage pour les carburants entre la bande de Gaza et Israël et par lequel l'ONU reçoit également ses approvisionnements d'essence, l'Etat hébreu se rend responsable de la détérioration totale des conditions de vie, déjà très difficiles, des Palestiniens. Incapable d'assumer son rôle dans une telle situation, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a dû donc cesser jeudi soir ses distributions d'aides alimentaires à 650 000 personnes après l'épuisement de ses réserves de diesel, ce qui paralyse ses camions. Les Israéliens arguent qu'ils ne peuvent livrer de l'essence ou du diesel à Gaza car les réservoirs du côté palestinien du terminal sont pleins, à la suite d'un refus des Palestiniens de prendre livraison des carburants. Il n'en demeure pas moins que l'organisme humanitaire onusien ne dispose pas de carburants pour remplir sa mission. En attendant un déblocage, les hôpitaux sont menacés de paralysie, les ambulances ne peuvent plus circuler, les habitants sont obligés de se rendre à pied à leur travail, les ordures ne sont plus collectées, tandis que 60 millions de litres d'eaux usées se déversent quotidiennement dans la mer. Devant cet état de fait, les organisations humanitaires et l'ONU tirent la sonnette d'alarme car la situation à Gaza empire jour après jour. La Ligue arabe a réagi hier en mettant en garde contre une “catastrophe humanitaire sans précédent”. Hicham Youssef, chef du bureau du secrétaire général de la Ligue arabe, a rendu public un communiqué dans lequel il affirme : “L'arrêt de la fourniture d'aide à près d'un million de Palestiniens à la suite du refus des autorités israéliennes d'approvisionner la bande de Gaza en carburants est une sonnette d'alarme qui annonce une plus grande détérioration d'une situation déjà explosive.” Il a souligné : “Si l'on ajoute à cela la poursuite de l'offensive militaire israélienne contre les Palestiniens de Gaza, la situation risque d'aboutir à une catastrophe humanitaire sans précédent, dont le gouvernement israélien est le seul responsable.” Hicham Youssef a jugé “inacceptables”, la poursuite du blocus israélien, les opérations militaires israéliennes répétées ainsi que l'arrêt de l'approvisionnement en carburants. “Nous ne pouvons continuer à nous taire” face à tels agissements, a-t-il estimé. Il a demandé à l'ONU ainsi qu'à l'Union européenne d'“intervenir pour faire pression sur Israël afin qu'il respecte les lois internationales”. Pour information, l'Unrwa et le Programme alimentaire mondial (Pam) fournissent de l'aide alimentaire de base (farine, huile ou sucre) à un million de personnes dans la bande de Gaza, un territoire de 1,5 million d'habitants coincé entre l'Egypte et Israël. La bande de Gaza est bouclée depuis la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007 et les approvisionnements en produits de consommation y sont limités depuis janvier 2008. Par ailleurs, une adolescente palestinienne a été tuée et huit personnes blessées hier à l'aube lors d'un raid de l'aviation israélienne contre la bande de Gaza, ont indiqué les services d'urgences du ministère palestinien de la Santé dans ce territoire. Maryam Talat Maarouf, 14 ans, a été tuée et huit personnes ont été blessées quand un missile tiré par un appareil israélien a heurté de plein fouet sa maison près de Beit Lahiya, au nord de la ville de Gaza, selon des témoins. K. ABDELKAMEL