Les élections du bureau de l'Ordre des avocats d'Alger se dérouleront finalement comme prévu ce jeudi 24 janvier. C'est ce qu'affirme tout haut le bâtonnier d'Alger, Me Sellini, candidat à sa propre succession. Rencontré au siège du bâtonnat, il a tenu à préciser que son “silence jusqu'à maintenant était dû au fait qu'on était en pleine campagne électorale, mais devant les attaques des autres concurrents je ne pouvais me taire”. Pour lui, le report des élections comme demandé par un collectif d'avocats, se disant représenter la majorité des candidats, est “impensable”. Il précisera que tout est fin prêt pour leur déroulement : “On ne peut plus les renvoyer. Une commission ad hoc a été désignée par le conseil hier en fin de journée. Elle est composée de trois membres et de deux suppléants.” Le président choisi pour cette commission est Me Benbouali “sur lequel personne ne peut rien dire. Il n'y a pas plus crédible que lui. Il avait déjà prêté serment en 1963 ou 1964, lorsque j'étais moi-même en culottes courtes”, dira Me Sellini. Me Benbouali sera aidé par Me Habib Ahmed et Me Baraka Rabah et le bâtonnier de préciser : “Lors du débat au conseil, il y avait ceux qui demandaient 5 membres et d'autres 3. J'ai coupé la poire en deux, et le choix a été donc porté sur ces trois avocats avec deux suppléants.” Ces deux derniers sont Me Bouitaouine Tayeb et Me Bousseliou Tahar. Pour les bureaux de vote, au nombre de huit, les responsables choisis sont Mes Benaïche Ahmed, Benaïcha Ahmed, Azib Mohamed, Brimou Hayek, Salemkour Saïd, Messaoud Mohamed, Ferial Guernia, Boutaleb Tadjenine et Yahia Messaoud. Une manière de mettre devant le fait établi le collectif d'avocats qui avait appelé, dimanche passé, au report des élections : “Ils ne représentent qu'eux-mêmes. S'ils avaient une crédibilité, ils auraient appelé à une AG extraordinaire. Ce sont tous des anciens membres du conseil qui ont été éjectés, et ils sont totalement en dehors de la dynamique actuelle”, dira Me Sellini avant d'ajouter : “Ces personnes ne font que gesticuler. Elles ne peuvent rien faire. Je les connais ; elles sont de ma génération et c'est carrément de la jalousie. En tout cas, “les chiens aboient et la caravane passe”. Il n'hésitera pas aussi à les accuser de son côté : “Ils sont allés jusqu'à supplier ceux qui sont sur ma liste pour les rejoindre, alors vous voyez un peu le niveau. Sans oublier qu'un candidat a osé promettre aux avocats une réduction de moitié des frais d'inscription (ndlr : 50 000 DA annuellement pour chaque avocat), alors qu'en comparaison, c'est un vingtième par rapport à ce qui se passe au Maroc et en Tunisie.” Voulant battre en brèche les accusations de ses adversaires, le bâtonnier d'Alger a essayé de répondre à tous les points que nous lui avons mentionnés. Le sujet des stagiaires votants lui tenait visiblement à cœur pour “expliquer” leur situation : “L'avocat stagiaire a tout de même au moins 8 mois d'exercice. Il a le droit de voter, et c'est d'ailleurs son second droit inscrit dans la loi après celui de défendre, je ne peux tout de même pas l'en empêcher.” Sur les risques de voir ces stagiaires influencés par les membres du bureau sortant, il dira : “L'avocat stagiaire a pour seul interlocuteur son directeur de stage. Il y a 1 200 cabinets en tout, et personne ne peut avoir un pouvoir sur un nombre aussi important que ça. D'ailleurs pour éviter tout problème, il a été décidé de réserver tout un étage pour eux lors des élections de jeudi prochain qui se dérouleront au nouveau siège de la cour d'Alger. Seuls les stagiaires pourront y accéder, et évidemment les membres de la commission. Comme ça personne ne pourra dire qu'ils ont pu être influencés.” Continuant sur le même sujet, il infirmera les chiffres donnés sur le nombre de stagiaires qui ont prêté serment l'année passée : “Ce n'est pas 1 500, mais environ 1 300. Ce chiffre peut paraître important, mais c'est dû seulement au fait qu'ils appréhendaient les effets d'un nouveau statut. En plus, ces stagiaires ne représentent même pas le quart du nombre d'électeurs possible qui est d'environ 4 300.” Revenant sur le fait de briguer un troisième mandat après ceux de 2002 et 2005, le bâtonnier semble trouver cela tout à fait normal : “Je n'en voulais pas, et j'étais décidé à passer le témoin. Tout le monde m'a demandé de me représenter, et on m'a encore une fois convaincu. C'est une lourde charge pour moi ; ce n'est pas de gaîté de cœur que je vais postuler pour ce troisième mandat. Je la conçois avant tout comme une mission. Mon bilan est déjà là pour me donner raison. Notre travail est là pour le démontrer. Depuis au moins quatre ans, nous sommes en combat avec la chancellerie pour défendre les intérêts de notre profession. Je suis satisfait de mon bilan.” Il terminera par une précision qui fera sûrement jaser plus d'un : “On me dit qu'au cas où je serai réélu, Alger perdra le bâtonnat national (ndlr : le bâtonnier national ne peut briguer plus de deux mandats) ; je rappellerai seulement que mon prédécesseur n'a pas été bâtonnier national et cela n'avait tué personne.” Attendons donc demain jeudi pour voir plus clair dans ces joutes électorales qui s'annoncent houleuses… Chaud devant. Salim Koudil