Défiant le Conseil d'Etat, même s'il ne l'a pas ouvertement déclaré, Me Sellini annonça que de nouvelles élections vont se dérouler dans les plus brefs délais évidemment comme le prévoit la loi. L'AG extraordinaire du bâtonnat d'Alger s'est finalement tenue hier. Le doute sur son déroulement a persisté tout au long de la journée. Prévue à 14h au siège de l'UGTA, elle n'a commencé qu'une heure après, devant une salle où moins de 200 avocats étaient présents alors que le barreau en compte plus de 4 000. Aussi parmi les présents nous avons remarqué la présence de Ali Haroun, ex-membre du HCE et également avocat de profession. Evidemment, cette AG était surtout attendue pour connaître la réaction du bâtonnier d'Alger, Me Sellini, au lendemain de l'annulation par le Conseil d'Etat des élections du conseil de l'Ordre du barreau d'Alger. Une décision qui est tombée tel un couperet sur la corporation même si beaucoup d'avocats ne cessaient pas de dire (en off) plusieurs semaines avant le verdict que l'annulation était “inéluctable”. Prenant la parole le premier, le bâtonnier d'Alger, a voulu d'entrée se montrer plus offensif que sur la défensive : “Notre légitimité nous la tenons des urnes”, clama-t-il d'emblée. Défiant le Conseil d'Etat, même s'il ne l'a pas ouvertement déclaré, Me Sellini annonça que de nouvelles élections vont se dérouler dans les plus brefs délais en précisant que évidemment comme le prévoit la loi “c'est le conseil de l'ordre et le bâtonnier qui vont les organiser. Le bâtonnier ne s'est toutefois pas trop attardé sur l'annulation des élections préférant revenir à l'ordre du jour qui était la discussion du projet de loi portant organisation de la profession d'avocat. Il faut aussi noter que les contestataires des élections, et qui sont derrière les recours introduits devant le Conseil d'Etat, avaient menacé à l'avance qu'ils se retireraient de la salle comme nous l'a indiqué Me Chaoui si l'AG du thème est préalablement établi”. Malgré cela, il y a eu tout de même un accrochage verbal entre ce dernier et Me Sellini. C‘était au moment où le bâtonnier est revenu à la charge sur la question des élections et Me Chaoui n'a pas raté l'occasion pour lui rappeler devant l'assistance qu'il ne fallait pas sortir du “sujet”. La “discussion” à distance entre les deux hommes a failli sortir de son cadre “amical”. Concernant les griefs retenus par le bâtonnier contre le projet de loi il s'est montré très critique “on veut la caporalisation de la profession”, déclara-t-il en fustigeant les articles du projet qui donnent selon lui trop de pouvoirs au ministère de la Justice. “Il se posera d'ailleurs la question” est-ce la concrétisation de l'indépendance de notre profession ? à laquelle il n'a toutefois pas osé répondre par le négatif se contentant de dire “je ne sais pas”. En revenant à la décision du Conseil d'Etat de l'annulation des élections, des sources judiciaires nous ont donné plus de détails. Ainsi les huit recours introduits par : Me Chaoui, Me Allouche, Me Chelgham, Me Guenouda, Me Okba, Me Menni, Me Boussaâda et Me Bouguessa, ont été tous acceptés. Aussi le jour même de l'annonce de l'annulation, soit hier, l'Ordre des avocats d'Alger “pondait” un communiqué dans lequel il faisait un parallèle entre la décision et la tenue de l'AG : “Le conseil de l'ordre, à travers cette décision, paye le prix de son inlassable combat pour la préservation et le renforcement du droit de la défense.” Toutefois il y a un “hic”. Le Conseil d'Etat avait envoyé le 31 décembre dernier un fax aux huit avocats ayant déposé des recours, en plus du bâtonnier, les convoquants pour le 13 janvier pour les informer de la décision finale. Trois jours après, soit le 3 janvier, le conseil de l'ordre du barreau d'Alger invitait les avocats à une AG extraordinaire consacrée à la discussion de la loi pour le…14 janvier. Une “coïncidence” que nous ne pouvions pas omettre de préciser. Reste maintenant le concret : Quand se dérouleront les nouvelles élections ?...Et dans quelles conditions ? Salim Koudil