“Cette nouvelle année sera encore caractérisée par le lancinant problème du pouvoir d'achat des Algériens qui a connu une dégradation importante en quelques mois en raison du renchérissement mondial des principales matières premières”, souligne Réda Hamiani dans la dernière lettre du Forum des chefs d'entreprise. Le président du FCE affirme que l'embellie financière que connaît l'Algérie “est incapable de combler le gap qui existe entre les revenus distribués localement, qui sont constitués principalement de salaires, et le niveau des prix tirés vers le haut par la hausse des produits alimentaires et ceux du logement”, estimant que dans ce domaine, les marges de manœuvre sont étroites. Réda Hamiani s'interroge : “Est-ce la bonne politique que de soutenir les prix du lait et de la farine quand on sait qu'ils profitent sans différenciation aux riches comme aux pauvres ?” Le président du FCE est convaincu que l'Algérie a les moyens de produire une bonne partie de son alimentation et même d'obtenir des surplus à l'exportation lui permettront ainsi de financer l'achat de produits qu'elle n'a pas (café, sucre, maïs, …). “En l'absence d'une véritable politique en la matière, la facture alimentaire n'est jamais descendue du seuil de 3 milliards de dollars. Au contraire, elle a augmenté pour atteindre les 4,7 milliards de dollars. Dans ce contexte, la démographie y est pour quelque chose. Le PNDA aussi dans l'autre sens”, regrette-t-il. Ajoutant que “le paradoxe actuel, qui reste lourd à accepter par une bonne majorité de la population, se résume au constat suivant : caisses pleines, couffins vides”. En d'autres termes, souligne-t-il, il faudrait éviter l'effondrement du pouvoir d'achat qui a déjà affecté assez largement la classe moyenne touchée par une précarité porteuse de tous les dangers. “Si on veut donner du sens à notre embellie financière du moment à forte odeur de pétrole et de gaz, il serait bon que les contreparties de notre enrichissement ne soient pas uniquement des autoroutes, des rails et des usines de dessalement”, souligne le président du FCE qui appelle le gouvernement “à dépasser” son rôle de “pompier” mobilisé à éteindre les incendies pour s'attacher à construire “une économie créatrice de valeur et insérée dans le réel, d'une part dans les différents marchés (biens et services, travail, financier) et, d'autre part, à l'international en commençant par le Maghreb et l'Union européenne”. Réda Hamiani relève que “les PME demeurent le parent pauvre et n'arrivent toujours pas à prendre de la hauteur, du volume, des couleurs dans un contexte qui leur est stricto sensu favorable”. Les champions de cette catégorie se comptent sur les doigts d'une main. “La preuve, le ministère en charge de leur développement n'a aucun pouvoir réel. Il ne peut régler aucun problème qui pénalise ses entreprises : foncier, financement et contraintes administratives (douanes, impôts…). Les moyens dérisoires qui sont inscrits dans la loi de finances attestent de la place que ce ministère occupe dans la hiérarchie”, souligne-t-il. Synthèse M. R.