Le soutien de Ouyahia au troisième mandat et à l'adaptation constitutionnelle qui en découle a fait les unes. L'intérêt de l'annonce faite par le secrétaire général du RND n'est pourtant pas dans la position qu'elle exprime. Ouyahia n'a jamais fait mystère de son alignement mécanique aux orientations du régime global. Il a même clairement expliqué, il n'y a pas longtemps, qu'il ne se conçoit pas dans l'opposition parce qu'il aime l'Algérie. L'intérêt de sa déclaration est dans ce qu'elle confirme la stratégie du coup d'Etat à rebours. La Constitution ne pourra pas entraîner le départ du pouvoir actuel ; c'est elle qui sera changée pour qu'il demeure. Si l'on prend Ouyahia au mot quand il argue que la révision de la Constitution a pour but de permettre au Président de “poursuivre la réalisation de son programme”, cela voudrait dire que les prolongations étaient programmées depuis 1999. Car un programme présidentiel devait être délimité par la durée du mandat prévue par la loi fondamentale en vigueur. Au mieux, il peut correspondre aux deux mandats possibles aux termes de la Constitution. Mais puisque ce programme a finalement besoin d'un troisième délai pour se réaliser, il en sera ainsi. La révision devrait prévoir plus de trois mandats au cas où il faudrait plus de temps “pour qu'il accomplisse son œuvre et réalise son projet républicain et de développement”, comme le précise l'ancien Chef du gouvernement. L'affaire du troisième mandat étant entendue, il n'y a pas de raison de prendre, par imprévoyance, le risque d'une nouvelle révision constitutionnelle à la fin du troisième mandat. Selon Ouyahia toujours, “il ne faut pas s'attendre à ce que le Président se prononce sur sa candidature avant la fin de l'année”. Après l'arrangement de la Constitution, forcément. “Les choses sont claires aujourd'hui”, insiste-t-il à l'intention de ceux qui doutent encore de la voie tracée. Ce qui montre l'irréversibilité de la démarche, c'est que les promoteurs de la continuité ne se basent pas sur un bilan pour justifier la pérennité du régime. Il n'y a pas de rapport entre la déliquescence flagrante des institutions et la volonté de prolonger la vie du régime. C'est Ouyahia qui le dit : “L'Algérie vit un semblant d'anarchie, pas seulement sur le plan politique. Pire, cela s'exprime par le comportement quotidien de ceux qui sont censés représenter l'Etat.” On ne vous le fait pas dire, Monsieur le secrétaire général ! Puis Ouyahia ajoute qu'il est temps “de nous libérer de l'économie de la rente”. Et c'est, ô paradoxe, pour cela qu'il s'efforce à relancer le même pouvoir ! “Les choses sont claires”, vraiment. L'Etat est, en effet, représenté par un régime qui correspond bien à la nature du système : d'un côté, l'abolition de l'économie de la rente constitue sa fausse légitimité et, de l'autre, le partage de la rente constitue son réel fondement. En dépouillant l'Etat et la société de toute consistance politique, il a assuré la survie du système pour le long terme. La question du troisième mandat étant close, ceux qui tiennent à pinailler peuvent toujours débattre du quatrième. M. H. [email protected]