Son passage sous l'autorité directe du ministère de la Culture permettra non seulement sa protection contre les actes de vandalisme, mais, également, sa restauration et sa mise en valeur au profit des riverains, des chercheurs et du secteur du tourisme. “L'action citoyenne de l'association des amis du vieux Mila vient d'aboutir, à la grande satisfaction des défendeurs de la cité romaine. La structure, dirigée par le docteur Abdelaziz Segueni, a réussi là où les autres ont échoué. Elle est arrivée, en effet, à porter le nom de cet historique ville sur la liste des sites classés patrimoine universel. M. Segueni a affirmé, jeudi dernier, que la commission interministérielle formée du département de la Culture et de celui de l'Habitat et de l'Urbanisme a accueilli, en date du 25 décembre dernier, favorablement le dossier défendu par son association. L'orateur, qui s'est longuement attardé sur la genèse de ce dossier mis en branle depuis l'année 2005, se félicitera du résultat obtenu, expliquant que le nouveau statut de la ville et son passage sous l'autorité directe du ministère de la Culture vont permettre non seulement sa protection contre les actes de vandalisme, mais, également, sa restauration et sa mise en valeur au profit des riverains, des chercheurs et du secteur du tourisme. Site protégé désormais, il n'est plus possible, soulignera M. Segueni, d'y effectuer des opérations hasardeuses de restauration, les plus petites qu'elles soient, sans une autorisation en bonne et due forme de la tutelle, à entendre des experts. “Les réparations anarchiques effectuées par le passé ont beaucoup dénaturé le site”, ajoutera-t-il. Dans cet ordre d'idées, le président de l'association révélera que sa structure fait actuellement dans la promotion du projet de restauration du mur qui ceinture la veille ville et d'Aïn Labled (fontaine publique), deux monuments datant de l'époque romaine. Interrogé sur ce choix, M. Segueni expliquera que “la priorité sera donnée dans un premier temps aux monuments que la collectivité partage en commun. Les autres monuments, exploités à titre individuel, comme les maisons, seront pris en charge dans l'avenir.” Par ailleurs, M. Segueni déplorera l'incivisme des habitants de cet historique cité qui abrite encore 16 000 âmes et dont la superficie est de 7 hectares. “Nous avons constaté, avec beaucoup de regret, la présence de nombreuses décharges sauvages sur les lieux. Aussi, les pensionnaires de l'enceinte de la ville sont appelés à faire preuve de civisme et à estimer à sa juste valeur le trésor archéologique où ils vivent”. Plaidant dans le même sens, le nouveau P/APC de Mila, M. Bachir Belâtar, n'y va pas avec le dos de la cuillère. Pour ce responsable, le plus grave des dégradations qui affectent l'ancienne ville porte l'empreinte des riverains plutôt que celle des aléas du temps. Il dira : “J'accuse les autochtones ! Ceux qui ont élu domicile ailleurs ont tous loué leurs habitations à des étrangers irrespectueux des lieux qui les ont intentionnellement dégradées, pour obtenir des logements sociaux. D'autres locataires ont tout simplement transformé les habitations en bergeries ou en étables.” Et l'orateur de citer l'édifiant exemple d'un locataire qui possède un élevage ovin de 80 têtes à l'intérieur d'une maison romaine. Dans le même sillage, le premier magistrat de la ville déplorera le laisser-aller de certaines gens qui ne se donnent même pas la peine d'enlever les décombres des maisons effondrées. “Selon une enquête effectuée sur les lieux, les gravats de 20% des habitations effondrées sont toujours entassées sur place depuis des années !” dira-t-il. Bref, espérons seulement, que le nouveau statut de Milev et la courageuse action de “ses amis” pourront, enfin, interpeller la conscience collective et favoriseront le développement d'une culture environnementale et les réflexes nécessaires pour la préservation de ce qui reste de cette ville au passé lumineux. K. Bouabdellah