Les délégués, après avoir appelé à la reprise, ont décidé, face à la pression des élèves, d'appeler au dialogue avec le ministère tout en maintenant la grève. Hier encore, la colère des lycéens de la capitale était au rendez-vous. Plusieurs établissements ont observé des arrêts de cours, les lycéens se sont rassemblés devant les établissements. Les élèves des terminales de classe spéciale, ont adhéré, hier, à ce débrayage. Eux aussi ont des revendications, à savoir la deuxième session pour les élèves de l'ancien système. “Je suis née en 1990 et je n'ai jamais redoublé à part ma terminale. Je suis jeune et j'estime que nous avons le droit d'avoir d'autres chances”, déclare Sarah du lycée Bedjaoui, d'El-Madania. Ils étaient nombreux à être dans le même cas qu'elle. Les assurances du ministre n'ont guère atténué la détermination des élèves de terminale, pas plus que les réunions organisées par les professeurs et responsables d'établissement. Ils revendiquent l'allégement des programmes et une deuxième session pour les classes spéciales. Toutefois, il faut noter qu'après bientôt deux semaines de débrayage, certains délégués d'élèves ont fini par admettre qu'il faut reprendre les cours afin de donner plus de crédibilité. Si les élèves divergent sur le suivi de la grève, ils se rejoignent sur le fait que le programme est trop chargé et qu'il faut l'alléger. “Le programme est trop chargé et nous n'arrivons pas à souffler. Il est difficile pour nous, avec toute notre bonne volonté, de suivre durant 4 heures d'affilée des cours de matières essentielles !” avoue Ahmed. Le plus fatiguant pour ces élèves, c'est d'étudier durant plus de 13h par jour entre les cours scolaires et ceux de soutien sans compter les révisions à la maison. “À l'école, on étudie les leçons et en cours particuliers on résout des exercices. Pour pouvoir suivre ce nouveau programme, nous faisons pratiquement jusqu'à 20 heures de cours et nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel”. Dans le but de dénouer la situation et favoriser le dialogue, six délégués ont été désignés pour représenter leur établissement. Ils devaient se rendre au siège du ministère de l'Education nationale afin d'y déposer la plate-forme de revendications. Ils se sont vu interdire l'accès du rond-point d'El-Mouradia et leur courrier a été saisi par des éléments de la police. “Nous voulons simplement déposer notre courrier au niveau de la réception du ministère, mais la police nous a malmenés. Nos camarades attendent notre retour et ils vont réagir en faisant grève demain lorsqu'on leur dira que nous n'avons pas pu déposer notre lettre et encore moins prendre notre rendez-vous avec le ministre”, s'indigne Aymen, délégués du lycée Amara-Rachid. Interrogée sur le conflit, une source du ministère de l'Education nationale, qui a requis l'anonymat, a estimé qu'il ne fallait pas “surdimensionner” la crise. Selon cette source, “il n'y a que 71 établissements secondaires en grève sur 1 578 que compte le pays. Et la plupart des grévistes se trouvent à Alger et dans la wilaya de Tizi Ouzou.” Sur les 71 établissements qui connaissent des perturbations, 33 sont dans la wilaya de Tizi Ouzou. À Alger-Centre, il y a 9 établissements sur 46 qui sont toujours en grève. Pour Alger-Ouest, seuls 3 lycées sur 31 demeurent en grève, alors qu'à Alger-Est, qui compte 42 lycées, les choses sont rentrées dans l'ordre. Rappelons que pas plus loin que jeudi dernier, le ministre de l'Education avait déclaré que “les portes du dialogue sont ouvertes”. Est-ce peut-être le moment de prendre attache avec les délégués pour engager un dialogue franc même si le nombre des établissements en grève est jugé insignifiant par la tutelle ? Nabila Afroun