Il a qualifié le projet de révision constitutionnelle de “nouveau coup de force contre le pays”. Le premier secrétaire du Front des forces socialistes, Karim Tabbou, a violemment pris à partie, hier, toutes les voix qui se sont mises ces dernières semaines à demander la révision de la Constitution pour rendre possible un troisième mandat pour le président Bouteflika. “Ce n'est pas les meddahate et les chouaffate qui vont contribuer à changer la situation du pays. On ne sait pas encore le contenu de cette Constitution, et les gens soutiennent un projet de Constitution qui n'existe pas”, s'indigne M. Tabbou qui a animé, hier, une conférence de presse au siège de son parti pour rendre compte des résultats de la réunion du conseil national, tenue le week-end dernier. Le second du parti d'Aït Ahmed s'est même interrogé sur les raisons des “changements spectaculaires” constatés dans la position de certains acteurs politiques, à l'image d'Ahmed Ouyahia et Moussa Touati qui, désormais, ne sont plus opposés à une révision de la Constitution. Tout en estimant que “les positions de ces individus n'honorent pas le pays”, M. Tabbou pense qu'“il y a des instances en dehors des institutions qui continuent de fixer les missions pour tout un chacun”. Faisant un bref rappel des différentes constitutions qu'a connues le pays depuis l'Indépendance, le premier secrétaire du FFS considère que “ces textes n'ont pas réussi à défendre ni le citoyen ni les institutions” et “même les auteurs de ces changements n'ont finalement pas été protégés par les Constitutions qu'ils ont eux-mêmes révisées”. Dans ces entreprises, le constituant, c'est-à-dire le peuple, “a toujours été absent”, relève-t-il, tout en s'élevant contre “la gestion par la violence et le mépris des affaires du pays par Bouteflika”. Interrogé sur la position du FFS par rapport au projet de révision constitutionnelle qu'il a qualifiée de “nouveau coup de force contre le pays”, M. Tabbou a répondu que le soin sera laissé aux instances du parti pour se prononcer une fois le document rendu public. Cependant, le jeune second du FFS n'a pas manqué de stigmatiser cette course à la révision constitutionnelle “au moment où la situation sociale et sécuritaire du pays connaît une dégradation avancée”. Pour lui, il y a actuellement “deux agendas” : celui de la population marquée par les grèves dans l'éducation, une situation sociale et sécuritaire explosive, et celui du pouvoir où le cap est mis sur la course à la révision de la Constitution et la présidentielle de 2009. “Nous nous sommes plutôt dans l'agenda de la population et de la société”, insiste M. Tabbou qui estime que “2008 sera une année à risques majeurs pour le pays qui peut s'avérer décisive pour le processus d'ouverture politique”. Il a, par ailleurs, affirmé avoir rencontré le président du parti pour procéder à une analyse approfondie de la situation du parti et du pays à la suite des dernières élections locales où le FFS a réalisé des résultats en recul par rapport à son potentiel électoral traditionnel. Ayant apparemment tiré les enseignements nécessaires d'un tel échec, le FFS, selon M. Tabbou, “va repartir à l'offensive et s'ouvrir encore plus sur la société”. Le nouveau secrétariat national du FFS, qui compte une cinquantaine de cadres répartis sur 17 secrétariats nationaux, a élaboré un programme d'action assez chargé pour 2008 pour tenter de rattraper le retard pris dans la mobilisation. Il s'articule notamment autour de la création d'une école de formation politique au profit des militants du parti, la consolidation des relations avec les partenaires internationaux du FFS (Internationale socialiste des femmes, Mouvement des jeunes socialistes européens…) et l'organisation de rencontres de types conférence nationale des élus, convention nationale thématique, conférence d'évaluation démocratique… M. Tabbou a, enfin, tenu à mettre en exergue ce qu'il a appelé “la méconnaissance totale des lois du pays par le ministre de l'Intérieur”, allusion à une correspondance adressée par les services de ce dernier à la direction du FFS, lui demandant de lui fournir un certain nombre de renseignements relatifs aux militants et cadres du parti, ainsi que les règlements intérieurs du parti et des fédérations de wilaya. L'orateur estime, en effet, que les textes régissant les partis politiques n'ont à aucun moment fait référence à ce type de documents. “C'est un courrier de type policier et le FFS, fidèle à sa ligne politique, ne sera sûrement pas le premier parti à accéder à une telle demande”, soutient-il. H. Saïdani