Fermeture progressive des anciennes prisons avec la ferme intention de les remplacer par de nouvelles structures, réhabilitation des conditions de détention, amélioration de la situation du personnel même des établissements pénitentiaires sont les tâches assignées au département de Sallat, ministre délégué chargé de la Réforme pénitentiaire auprès du ministère de la Justice. Sa mission n'est assurément pas de tout repos. La simple visite d'inspection effectuée, hier, à la prison de Lakhdaria (Bouira) est, à elle seule, un exemple éloquent sur la situation dramatique d'une bonne partie des prisons sur le territoire national. Une bâtisse vétuste datant de 1898 avec trois salles et quelques cellules où s'entassent 70 détenus dans des conditions innommables. La situation du personnel n'est guère meilleure. Eloignés pour la plupart d'entre eux de leur domicile familial, ces derniers touchent des salaires dérisoires et n'ont pas droit pour autant aux logements sociaux. Les conditions de travail, selon eux, laissent à désirer et ils ne doivent pas avoir tort, vu l'état, entre autre, de leur dortoir qui n'a rien à envier à celui des détenus. Ce personnel est censé rééduquer les prisonniers, les accompagner durant leur détention et les aider à garder le moral et à aspirer à une activité, leur offrant ainsi la possibilité de se réinsérer dans la société. Difficile d'accorder du crédit à cette ambition si les pouvoirs publics ne font que colmater les brèches au lieu de s'attaquer au problème dans sa profondeur. Le ministre, lui-même, en abordant le chapitre réforme, a lancé une phrase significative : “Il faut avoir les moyens de sa politique”. Et d'enchaîner : “J'espère que l'éradication des vieilles prisons ne restera pas qu'un vœu pieux.” A ce propos, le ministre a rappelé que 78 établissements pénitentiaires parmi les 148 qui existent sur le territoire national, pour une population carcérale de 35 000 détenus, ne répondent plus aux normes. Les mineurs ne représentent qu'une petite partie avec 600 cas, soit 3%, ce qui n'est pas, de l'avis du ministre, alarmant. Il a déclaré que de nouvelles structures devraient être réceptionnées, comme c'est le cas à Aïn Temouchent et Khenchela. Certaines prisons devraient être réactivées comme c'est prévu à Tébessa et enfin celles qui sont en inscription à Jijel, Djelfa ou à Oran. Celles de Koléa et Khemis devront, à long terme, remplacer celle de Serkadji. La surpopulation des prisons, quant à elle, constitue une bombe à retardement. D'autant plus que, il y a un peu plus d'une année, l'Algérie a eu un avant-goût assez démonstratif et significatif, avec les mutineries déclenchées un peu partout à travers le pays, de ce que pourrait générer ce malaise si des solutions urgentes ne sont pas entreprises. L'option formation “version améliorée” est certes un atout à ne pas négliger mais, à elle seule, elle est loin de constituer la formule magique pour remédier à la situation. Le ministre a assisté, hier, à la sortie de la 16e promotion avec 326 agents de rééducation censés apporter un sang nouveau dans le traitement des détenus avec des connaissances poussées sur les droits de l'homme, les sciences sociales et le côté psychologique. Mais qu'est-ce que cela peut-il signifier au moment où on est quasiment incapable d'offrir un toit décent et un repas correct à un détenu ? N. S.