Trois jours avant le second tour pour le renouvellement du bureau des avocats d'Alger, plusieurs candidats annoncent leur retrait. C'est hier, lors d'une conférence de presse animée par Me Chaoui, et à laquelle ont assisté d'autres avocats, que cette décision a été rendue publique. Les désormais ex-candidats expliquent leur “réaction” par “les fraudes et graves dérapages qui ont été constatés jeudi passé lors du premier tour”. Me Chaoui affirme, que 12 avocats se retirent complètement. “En attendant les autres, il y aura au moins une vingtaine”, dira-t-il. Me Attek, candidat lui aussi, ajoute : “Beaucoup d'intentions de retrait. Tout dépendra de la décision que prendra la commission électorale qui se réunit d'ailleurs aujourd'hui.” D'un autre côté, nous avons rencontré Me Mentalecheta, candidat lui aussi, qui nous a confirmé son retrait. Concrètement, et en plus du retrait, les ex-candidats déclarent que samedi prochain, une requête d'annulation sera déposée au niveau du Conseil d'Etat, “et on déposera aussi une demande d'enquête sur les noms mis sur le grand tableau (Ndlr : le “fichier électoral” pour le scrutin des avocats) sur laquelle la fraude s'est basée. On est prêt à aller très loin. Une copie sera envoyée au ministre de la Justice et s'il le faut, on ira voir Ksentini et même la commission des droits de l'Homme de l'ONU”. Aussi, ils n'ont pas hésité à incriminer directement le bâtonnier sortant, Me Sellini, coupable selon eux d'avoir tout préparé pour la victoire de sa liste : “En plus de briguer un troisième mandat, ce qui est inadmissible, c'est son équipe qui a préparé ces élections et on a tous vu comment ça s'est fait.” Concernant le retard mis par les contestataires pour annoncer leur retrait surtout qu'ils avaient dénoncé bien avant le premier tour les “manœuvres” de Me Sellini, ils diront : “Nous avons participé pour prouver qu'il y avait fraude”, expliquera Me Chaoui et d'ajouter : “Maintenant c'est clair et donc c'est tout à fait logique qu'on se retire. Nous avons été constants dans notre démarche et j'espère que les autres candidats vont nous suivre. D'ailleurs, après avoir vu ce qui s'est passé jeudi passé, ceux qui ne sont pas sur la liste de Sellini ne dépasseront pas 6 places. Il s'est assuré carrément 25 places.” Précisons que les élections aboutiront au choix de 31 noms parmi les 147 candidats qui se sont présentés sur 7 listes. La conférence de presse a été aussi l'occasion pour les “détracteurs” de l'ex (et selon toute vraisemblance futur) bâtonnier de revenir sur le vote des stagiaires qui, selon eux, n'aurait jamais dû être accepté : “Ce n'est pas logique qu'ils fassent eux-mêmes les élections. Toutes les voix de Sellini proviennent d'eux. Chiche qu'il fasse des élections sans eux et vous verrez qu'il n'aura presque aucune voix. Il fait tout comme s'il était encore bâtonnier, alors qu'il ne l'est plus. Il n'est qu'un simple candidat”, clamera Me Chaoui, avant que Me Farida Menni ne renchérisse : “Il a osé même dire ce matin qu'il va enclencher des conseils de discipline contre certaines têtes.” Elle n'hésitera pas à raconter des “anecdotes” qu'elle avait constatées jeudi passé lors du premier tour et qui, pour elle, démontrent “la fraude préparée” à l'avance : “Me Berguel, ne trouve même pas son nom sur la liste alors qu'il est une référence du barreau ou encore le cas de ce couple d'avocats qui se retrouvent dans la même situation, alors que leur stagiaire était bien inscrite.” La commission de surveillance des élections n'a d'ailleurs pas été épargnée par les critiques. “Son président, Me Benbouali, est certes honnête, mais il est dépassé par les évènements. Il aurait été meilleur dans un jury. Je pense qu'il y avait d'autres personnes à mettre à la tête de cette commission”, dira Me Chaoui. D'un autre côté, cette montée au créneau ne risque pas de changer la donne puisque tout indique que le second tour va se dérouler comme prévu jeudi prochain. À propos, qu'en est-il du syndicat des avocats que beaucoup annonçaient et qui semble être mis aux oubliettes ? Salim KOUDIL