Alors que le président de la commission électorale, qui devrait préparer l'élection du bureau de l'ordre des avocats d'Alger, prévue le 24 janvier, devait être désigné hier, à l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a été encore décidé. Malgré nos nombreuses tentatives, nous n'avons pu prendre attache avec le bâtonnier. Il s'est avéré que le conseil était en réunion pendant toute la journée d'hier. De son côté, le collectif des avocats contestataires, qui avait appelé au report dès dimanche, se dit toujours dans l'expectative, attendant tout ce que décidera le conseil sortant qui prépare lui-même les élections. Ainsi, Me Chaoui affirme que le “statu quo n'est qu'un signe du désarroi dans lequel ils se retrouvent. Je suis sûr qu'il y a un problème. Tout se fait dans la clandestinité. Il ne reste que deux jours, et c'est toujours le flou total.” De son côté, Me Mentalechta, ex-membre du conseil (les 10 derniers avant celui de 2005, a-t-il tenu à préciser), se dit tout à fait d'accord avec ceux qui demandent le report des élections. Insistant sur le fait que, selon lui, c'est trop précipité, il propose la création d'une commission qui devrait préparer ces élections au lieu de l'actuel bureau “qui se représente dans sa totalité, ce qui est loin de la déontologie et des us de notre profession. Même si la loi ne s'y oppose pas, notre métier est aussi régi par les coutumes et la déontologie”. Il ajoutera que “les conditions objectives doivent être réunies, et ce n'est pas le cas pour le moment. Le report est la meilleure solution possible. Ce serait vraiment regrettable de se retrouver devant le fait accompli parce que, dans ce cas, c'est clair que ça va se terminer devant la justice”. De leur côté, les deux avocats Mes Aït Larbi et Berguel affirment qu'ils n'ont pas de position à prendre dans ce “conflit”. Si le second nommé affirme qu'il préfère rester en retrait, l'ex-sénateur par contre se montre encore plus tranchant. “Je les mets dos à dos et je ne suis d'accord avec personne. Ça se passe entre des clans, et je n'ai pas à m'y immiscer. Depuis quelques années, ces élections sont devenues comme les municipales avec des campagnes axées sur les restaurants et invitations. On en est même arrivé aux insultes.” Voulant être plus explicite, l'ex-sénateur rappellera aux “uns” que les problèmes soulevés ne datent pas d'aujourd'hui et qu'il fallait les soulever bien avant. Pour les “autres”, il réaffirmera que le poste de bâtonnier est avant tout “une consécration d'une carrière et non une promotion sociale”. Il sera encore plus précis concernant le nombre de mandats : “Un seul c'est bien, et on peut même tolérer le deuxième (…) et cela dans tous les domaines.” Même s'il n'a pas cité de nom, c'est clair qu'il “ciblait” le bâtonnier actuel Me Sellini qui brigue un troisième mandat. Cet imbroglio donne encore une fois une bien piètre image de la profession d'avocat, surtout qu'au fil des années les problèmes persistent sans qu'une sortie ne soit trouvée. À chaque élection du bureau de l'ordre des avocats d'Alger, on retrouve les mêmes clivages et un imbroglio des plus “primitifs” qui ne peut que noircir l'image de cette profession libérale. Une “révolution” s'impose à tous. Me Aït Larbi nous a affirmé qu'il envisage de “faire quelque chose” après les élections. Il s'agirait d'un texte qu'il va élaborer avec d'autres avocats pour “avertir l'opinion publique de la situation actuelle”. À quand les autres propositions ? Salim Koudil