Il s'agit de Belabidi Mustapha, alias Hamza Abou Abderrahmane, âgé de 27 ans. Il est originaire du douar Ouled El-Hadj, commune de Zemmouri. La population de Thénia était hier encore sous le choc. La célèbre placette de la ville était bondée de monde. Les discussions tournent naturellement autour de l'attentat kamikaze de la veille. Mais l'interrogation qui domine toutes les discussions et qui hantait encore les esprits est de savoir si c'est une femme ou un homme qui était au volant du véhicule piégé. Ce n'est guère la préoccupation de nombreux citoyens rencontrés hier sur les lieux de l'attentat qui se sont interrogés pourquoi leur ville continue à subir le mauvais sort. “Nous avons connu l'explosion de 1997 qui a détruit le centre-ville, le séisme en 2003 qui a tout balayé sur son passage et voilà encore une autre explosion qui ne nous laisse aucun répit”, note Mohamed, un commerçant de la ville. Une ville décidément qui peine toujours à démêler l'écheveau du terrorisme barbare, notamment avec ce deuxième attentat qui a visé une structure de la police à Thénia, après celui commis par le GIA en 1997. Aâmmi Rabah, un rescapé de cet attentat, ne s'en remet toujours pas et lance sur un air dépité : “J'ai été profondément marqué en 1997, et voilà que je revis les mêmes sentiments de peur et d'angoisse, une décennie après.” “À quand la délivrance ?” s'interroge-t-il en lançant un gros soupir signe d'impuissance, sans jamais trop croire au retour de la paix qui semble compromise. À côté de lui, les employés des P et T s'affairaient tant bien que mal à remettre de l'ordre à l'intérieur de l'enceinte fortement ébranlée par l'explosion qui s'est produite juste en face. Interrogés, des employés nous ont affirmé que la réouverture de la poste interviendra dans quatre mois tout au plus. Selon nos interlocuteurs, ce n'est pas la première fois que leur enceinte est endommagée puisque la poste de Thénia a déjà fait les frais d'un acte terroriste en 1997, en plus du cataclysme du 21 mai 2003 qui a énormément porté préjudice à la bâtisse. Un commerçant, bijoutier de son état, en pleins travaux de rénovation de son échoppe dont les carreaux ont volé en éclats sous l'effet de la déflagration, esquisse tout de même un sourire crispé. Même état d'esprit chez le boucher mitoyen qui, lui aussi, au même titre que son voisin s'adonnait à des travaux de réfection, le tout sous les vrombissements des camions de déblaiement appartenant aux entreprises chargées du transport des déblais. Les badauds entre curieux et autochtones assistaient à la scène avec pour certains une certaine indifférence, eu égard au fait que ce genre de scène ne leur est guère étranger. Certains autres se sont dit indignés par ces actes criminels que les mots les plus forts ne sauraient qualifier, qui plus est, sont proscrits par la religion. “C'est ignoble et indigne d'un bon musulman qui se respecte !” lance avec force un sexagénaire qui se rappelle de l'ancienne Ménerville jadis appelée Petit-Paris, aujourd'hui réduite à un pauvre douar victime de l'incompétence de ses responsables. De nombreux citoyens rencontrés hier ont affirmé qu'ils étaient réconfortés par la présence des autorités à leurs côtés, notamment le wali de Boumerdès qui a supervisé en personne les secours. Par ailleurs, réagissant aux rumeurs qui ont fait le tour de la ville, et même du pays, voire du monde entier à travers les chaînes d'information satellitaires qui les ont relayées, selon lesquelles l'auteur de l'attentat kamikaze de mardi dernier serait l'œuvre d'une femme que les services de sécurité seraient en train de rechercher, des sources proches des investigations ont nié en bloc ce genre d'intox en raison du fait que des indices “irréfutables” retrouvés sur le lieu du drame plaident on ne peut plus clairement que le kamikaze de Thénia est bel et bien de sexe masculin. Il s'agit de Hamza Abou Abderrahmane, de son vrai nom Belabidi Mustapha qui aurait rejoint le maquis, il y a 3 mois seulement, indiquent des sources sûres. Les mêmes sources ajoutent que la rumeur serait l'œuvre des groupes de soutien au terrorisme implantés à Thénia et ce, dans le but de lancer les services de sécurité sur de fausses pistes et donc probablement, auraient-ils pensé, abandonner la piste de cette jeune femme dénommée K. Attaf et surnommée Hanane, originaire de la banlieue d'Alger et qui figurait sur une liste de 33 présumés kamikazes prêts à se faire exploser. S'agissant de la désormais fausse kamikaze, cette dernière aurait été aperçue, indiquent des sources dignes de foi, dans la wilaya de Boumerdès quelques jours seulement avant l'attaque de Thénia. M. T.