Alors que le monde célèbre cette année les soixante ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Charte arabe des droits de l'homme va pouvoir entrer en vigueur en mars. Négociée sous l'égide de la Ligue arabe, elle a été ratifiée par le quota de pays la rendant opérationnelle et parmi lesquels, l'Algérie, Bahreïn, la Libye, les Emirats arabes unis, la Palestine et le Yémen. L'ONU a salué son adoption par la voix de sa Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Louise Arbour. Mais les défenseurs des libertés restent sur leurs gardes et la caution de l'ONU a provoqué le tollé dans les milieux pro-israéliens. Ces derniers ont fortement réagi au préambule qui condamne le sionisme au même titre que le racisme. Ils reprochent à Louise Arbour de donner une crédibilité à une charte qui appelle à la destruction d'Israël ! Les défenseurs des libertés, eux, considèrent que l'exception arabe n'a pas raison d'être, que les droits de l'homme sont universels. La Charte arabe est en conformité avec la Conférence de Vienne de 1993 qui reconnaît des spécificités régionales aux droits de l'homme, arguent ses concepteurs, soulignant que la Ligue a voulu réaffirmer que la charia n'est pas en contradiction avec le droit international. Pour l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), certains passages de la charte arabe sur la femme, la torture, la liberté d'association et la peine de mort, restent flous, et bien que tous les pays arabes aient signé les Conventions relative aux droits des femmes et des enfants, contrairement aux Etats-Unis qui n'ont toujours pas ratifié celle relative aux droits de l'enfant. Les défenseurs arabes des droits de l'homme s'interrogent, de leur côté, sur l'efficacité de la charte, sur son application par les pays arabes, se demandant : “Lorsqu'un Syrien, un Egyptien ou un Tunisien est traduit en justice chez lui, comment peut-il être protégé par cette Charte ?” En effet, le Comité, censé veiller à son respect, n'est autorisé à recevoir que les rapports des Etats. Et, alertent-ils, la plupart des gouvernements signataires ne font rien pour adapter leur législation aux instruments internationaux, sans compter que dans ces pays, la justice n'est pas indépendante et que chez bon nombre de pays arabes l'état d'urgence qui doit, selon la Charte, être une mesure exceptionnelle, dure depuis des décennies. D. B.