L'administration a engagé un débat sur les impacts physiques de l'autoroute. “Il n'y aura que 0,2% du territoire du parc qui sera touché”, plaideront-ils. Une façon de minimiser le désastre sur un parc protégé par la loi Ramsar. Depuis quelque temps, les défenseurs de la nature assistent, impuissants, au défrichement de la forêt du Parc naturel protégé d'El Kala. Ce sont des centaines d'arbustes qui partent en fumée pour céder la place au tracé de la nouvelle autoroute. En dépit des textes réglementaires relatifs à la préservation de l'environnement et des promesses des pouvoirs publics, les engins lourds sont en l'œuvre sur le terrain. Selon des indiscrétions, c'est le chef du gouvernement, en personne, qui aurait opté pour la première variante, à savoir traverser le parc. Instruction aurait été donnée pour accélérer l'ouverture du chantier. Pourtant, Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics, s'est engagé, en prenant à témoin les journalistes, de ne retenir que la variante qui fera l'unanimité après une large consultation. Ce qui a mis fin, à l'époque, à la mobilisation citoyenne qui dénonçait l'illégalité de ce tronçon. Le ministre est allé jusqu'à affirmer, dit-on, qu'en sa qualité de scientifique et de chercheur, il était absolument convaincu du bien-fondé de la contestation des défenseurs de la nature et qu'il se refusait d'être à l'origine d'une violation de la loi qui aurait des conséquences catastrophiques. En effet, lors d'une précédente déclaration faite à la presse nationale, M. Amar Ghoul a précisé qu'un autre tracé de substitution, tout à fait différent du premier, sera retenu après concertation avec les universitaires spécialisés dans l'environnement, les experts et les associations. Six mois après, interpellé sur chantier, le ministre réaffirmera que “l'affaire du Parc national d'El Kala est classée”. Termes qui ont rassuré, une nouvelle fois, les défenseurs de la nature et les auteurs de la pétition. Or, rien n'a été fait dans ce sens. Ordre a été donné d'amorcer les travaux qui traverseront, sur une vingtaine de kilomètres, le parc. En réalité, aucun autre itinéraire n'a été recherché et point de consultation. Le tracé initial contesté a été maintenu contre vents et marées en dépit de l'article 4 du statut des parcs nationaux (décret 83-458) qui interdit explicitement le passage dans un Parc national d'une voie à grande circulation. “Pas de surprise, l'Algérie est un Etat de fait et pas un Etat de droit”, s'insurge un spécialiste des questions de l'environnement. Les défenseurs de la nature, qui contestent ce tracé dans le Parc national d'El Kala, ont vite compris que les autorités voulaient coûte que coûte mettre fin à une campagne qui prenait des dimensions encombrantes. Pour noyer la contestation, l'administration engagea une polémique sur les impacts physiques de l'autoroute. “Il n'y aura que 0,2% du territoire du parc qui sera touché”, plaideront-ils. Une façon de minimiser le désastre sur un parc protégé par la loi Ramsar. En passant outre les lois qui régissent l'environnement, le passage forcé de l'autoroute annihile totalement la vulnérable barrière juridique que sont les statuts du parc qui protègent son énorme patrimoine naturel. Force est de constater, diront les écologistes, que le passage du tracé va fragmenter le Parc national, le détruire et simplifier son intégrité territoriale et écologique. Tahar B..