Les Etats-Unis ont indiqué, dimanche dernier, qu'ils allaient mener une approche distincte des crises avec l'Irak et la Corée du Nord, en faisant planer une forte menace d'intervention militaire contre Bagdad, tandis que seule la diplomatie est à l'ordre du jour dans le cas de Pyongyang. Les deux pays ont été placés au début de l'année, avec l'lran, par le président George W. Bush dans l'“axe du mal” des pays cherchant à se doter d'armes de destruction massive. La conseillère du président américain pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a toutefois rappelé que “les deux situations sont différentes, et nous ne calquons pas la même politique sur tous les cas”. Mme Rice, qui s'exprimait sur la chaîne de télévision CBS, a rappelé la longue liste des griefs de Washington contre Bagdad — en particulier la violation pendant onze ans des résolutions de l'ONU — pour estimer que, jusqu'à présent, “tout avait été essayé”, sans succès, pour faire changer de cap ce pays qui “est un cas en soi”. En revanche, dans le cas de la Corée du Nord, la conseillère de M. Bush a souligné que “nous avons une chance pour qu'une solution diplomatique réussisse”. Washington a dépêché deux émissaires, le sous-secrétaire d'Etat chargé du désarmement, John Bolton, et le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Asie, James Kelly, pour des consultations avec plusieurs capitales européennes et asiatiques concernées par ce dossier. Ce dossier devait également être évoqué par le président George W. Bush cette semaine lors du sommet des pays riverains du Pacifique (APEC) au Mexique, a indiqué le secrétaire d'Etat Colin Powell. M. Powell, présent sur trois chaînes de télévision dimanche dernier, a considéré que l'accord de gel de son programme nucléaire signé en 1994 avec la Corée du Nord avait été “rendu nul” par les révélations de Pyongyang. Il a toutefois indiqué que les Etats-Unis n'envisageaient pas à ce stade de dénoncer formellement cet accord. “Je ne pense pas qu'il faille spéculer sur une quelconque action militaire” contre le régime de Kim Jong-ll, a également assuré le chef de la diplomatie américaine. La tonalité était tout autre à l'égard de l'lrak, pour qui les responsables américains ont souligné qu'une éventuelle intervention militaire restait une option à l'ordre du jour. M. Powell a indiqué que les Etats-Unis présenteront en début de semaine un projet de résolution sur l'lrak renforçant le mandat des inspecteurs en désarmement des Nations unies, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce texte proposera “un nouveau régime sévère d'inspections” ainsi que des “conséquences” au cas où l'lrak refuserait de s'y plier, a-t-il ajouté.