Alors que l'armée tchadienne affirme avoir repoussé l'assaut des rebelles, ces derniers assurent qu'ils ont quitté N'Djamena juste pour permettre aux civils de quitter le centre-ville, tout en promettant de repasser à l'offensive et de renverser le président Idriss Deby. Hier, il était impossible de savoir qu'elle était la réalité du terrain. “On s'est retiré de la ville, On est tout autour (...). On va certainement repasser à l'offensive, on demande à la population civile de N'Djamena de partir immédiatement car sa sécurité n'est pas assurée”, a déclaré, hier, le porte-parole des forces rebelles, Abderaman Koulamallah. En attendant la nouvelle offensive, c'est la confusion générale dans la capitale tchadienne, car le ministre des Mines, le général Mahamat Ali Abdallah, commandant des opérations côté gouvernemental, a assuré que “l'ennemi était complètement en débandade”. Selon lui, le but des rebelles “était uniquement la destruction de la ville, ils se retirent parce qu'ils n'ont pas le choix”. Il ajoutera : “Le temps va vous montrer qu'ils sont défaits.” Difficile de savoir qui est en train de bluffer. Une chose est sûre, la situation évoluera rapidement les prochains jours et l'on saura avec certitude si le président Idriss Deby Itno a vécu ses derniers jours à la tête du Tchad avec cette offensive rebelle. À N'Djamena, les scènes de désastre sont là, aux abords de la présidence toujours gardée par des chars, avec vitres brisées, impacts de balles, d'obus ou de roquettes sur les façades, arbres sectionnés et couchés sur les rues, véhicules calcinés. Des cadavres de civils gisaient à même le sol sablonneux, livrés aux mouches ou recouverts de tapis ou de bâches. Selon les responsables de la sécurité de plusieurs organismes internationaux, les pillages ont été nombreux, selon les témoins. La conséquence inévitable de cette destruction a été l'exode de milliers d'habitants de N'Djamena, qui se sont enfuis vers le Cameroun pour échapper aux combats, comme cela a été confirmé par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La Croix-Rouge camerounaise a rouvert un vieux centre d'accueil à Kousseri pour prendre en charge les réfugiés. Quant aux ressortissants étrangers, un deuxième avion transportant 363 personnes, dont 205 Français, s'est posé hier à l'aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle en provenance de Libreville. L'avion civil a été affrété par le ministère français des Affaires étrangères. Dimanche soir, 202 ressortissants étrangers dont 130 Français, avaient atterri à Roissy où ils ont été accueillis par les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense, Bernard Kouchner et Hervé Morin. Pour en revenir à l'attaque rebelle contre N'Djamena, il s'agit de la plus grave offensive à laquelle fait face le président Deby depuis son arrivée au pouvoir par les armes, en 1990, en provenance lui aussi du Soudan. Aujourd'hui, c'est lui qui accuse Khartoum, d'être l'instigateur de cette nouvelle offensive. Par ailleurs, d'autres rebelles ont également attaqué dimanche la préfecture d'Adré, dans l'est du Tchad, à la frontière soudanaise. À l'ONU, le Conseil de sécurité a conclu dimanche soir des consultations sans parvenir à s'accorder sur un texte. K. ABDELKAMEL