Sollicité pour nous donner son avis sur la bataille opposant les rebelles aux forces gouvernementales de son pays, l'ex-chef de l'Etat tchadien, Goukouni Weddeye, et président du Frolinat, regrette ce qui se passe à N'Djamena et estime que c'est le “Tchad, qui est le grand perdant” dans ce conflit armé. Très ému et surtout déçu de voir le sang tchadien couler, Goukouni Weddeye saisit l'occasion de cet entretien pour appeler les belligérants à cesser de s'entretuer et laisser place au dialogue, seule et unique voie pouvant stabiliser le Tchad. Liberté : Quelle est votre réaction, Monsieur le Président, sur la situation prévalant actuellement au Tchad avec cette offensive des rebelles contre N'Djamena ? Goukouni Weddeye : Tout d'abord, je présente mes condoléances les plus émues aux familles des victimes de cette déplorable situation. Fidèle à ma conviction de la recherche de la paix par la tenue d'une table ronde inclusive et à la déclaration de Libreville, je ne peux que regretter les actions qui se déroulent ces derniers temps à N'Djamena. Je lance un appel solennel et urgent aux belligérants de cesser les hostilités pour privilégier la voie de la raison et de la sagesse, la seule et unique solution pour la stabilité et l'instauration d'une république démocratique, unie et forte. Pensez-vous que le régime d'Idriss Deby Itno vit ses derniers jours, comme l'affirment certains analystes de la scène tchadienne ? Il est prématuré d'adopter une position car, quel que soit le vainqueur ou le vaincu, c'est le sang tchadien qui coule. Donc c'est le Tchad qui est perdant, c'est pourquoi je prône la solution pacifique. N'est-il pas possible de trouver une solution définitive à cette instabilité que vit le Tchad à travers un accord entre les différentes factions tchadiennes ? L'initiative prise à Libreville en juillet 2007 par le biais de Son Excellence Elhadj Oumar Bongo Ondimba, doyen des chefs d'Etat africains, peut servir de feuille de route pour convier tous les acteurs de la scène tchadienne à résoudre leurs différends par la tenue d'une table ronde. Enfin, ne pensez-vous pas que l'Union africaine pourrait jouer un rôle en ce sens pour le plus grand bien du peuple tchadien qui a énormément souffert de cette situation ? Je salue la résolution prise par l'Union africaine lors de son dernier sommet d'Addis-Abeba en désignant les frères Sassou N'Guesso du Congo et Mouamar Kadhafi de la Libye pour rapprocher les frères ennemis tchadiens afin de résoudre pacifiquement l'épineux et éternel problème du Tchad. Je saisis l'occasion pour appeler les deux chefs d'Etat désignés à intervenir le plus vite possible auprès des belligérants pour arrêter définitivement l'effusion du sang tchadien et de les inviter à privilégier la voie pacifique comme unique solution du règlement définitif du drame tchadien. Entretien réalisé par K. ABDELKAMEL