Ils étaient 1,1 million d'Algériens à avoir passé leurs vacances durant l'année 2007 en Tunisie, leur première destination estivale depuis le début des années 1990. En contrepartie, moins de 20 000 touristes étrangers, sur un total de moins de 1,4 million de passages des frontières, ont séjourné dans notre pays durant cette période. Ainsi, pour chaque 10 euros qui entrent au pays dans le cadre du tourisme réceptif, 500 euros en sortent rien que par notre frontière est, créant un grave déséquilibre dans la balance des paiements extérieurs sectoriels. En Algérie, on est loin du temps où des milliers de familles algériennes passaient leurs vacances, notamment d'été, dans les complexes d'Etat et autres campings. Les restructurations économiques, nées de la crise de 1986, ont démantelé tout un système des vacances instauré dès le début des années 1970. Basé sur les œuvres sociales, ce dernier a été balayé par les conditions financières fragiles des entreprises et administrations d'Etat. Entre temps, il n'a été remplacé par aucun autre système, comme si le secteur touristique national est devenu incapable d'enfanter des idées nouvelles et novatrices. En parallèle, le goût des Algériens pour les voyages et le tourisme, acquis de 1970 à 1986, est resté le même et, avec le temps, on a fini par substituer les plages de leur pays par celles des voisins tunisiens. Ces Algériens, évalués pour 2007 à 1,1 million, sont, chaque année, au cœur de campagnes de promotion et de vente de plus en plus ciblées par l'Office tunisien de tourisme, essentiellement, et ceux du Maroc et de l'Egypte à un degré moindre. Les actions de séduction de la clientèle algérienne commencent dès ce mois de février pour devenir agressives, commercialement parlant, le mois de mai. Contrairement aux idées reçues, plus de 40% des touristes étrangers qui font tourner l'industrie touristique tunisienne sont des Maghrébins. Les Algériens représentent, juste derrière les Libyens, près de 17% des 6,5 millions de touristes ayant visité ce pays. Mieux, cette demande maghrébine est la moins élastique aux aléas d'une conjoncture mondiale et régionale de plus en plus difficile. Autrement dit, aux pires des situations, il y a toujours une demande régionale, insensible, pour des raisons historiques et culturelles, à certains risques. Mieux, l'administration tunisienne en charge du tourisme a entamé, dès 2002, une véritable politique de développement de la demande nationale. Le programme s'inspire même de l'expérience algérienne avortée il y a 20 ans. Les Tunisiens sont désormais encouragés, y compris financièrement, à passer des vacances dans les sites touristiques classés. Si la même administration ne donne pas encore de chiffres sur ce segment de marché, le constat est déjà jugé positif. Mourad KEZZAR