L'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) organisera à Annaba, le 11 juin 2005, une journée d'information et de sensibilisation au profit des exportateurs de l'ensemble des régions du pays. Dans sa démarche, l'Anexal a pris comme référence le projet de création d'une zone de libre-échange maghrébine et euro-maghrébine à l'horizon 2010. Le projet est ambitieux car il s'agit de regrouper une quarantaine de pays et près de 800 millions de consommateurs. Pour les dirigeants de l'Anexal, la perspective de l'instauration de la ZLE maghrébine et euro-maghrébine doit être située dans le cadre bien compris de l'évolution des politiques du commerce extérieur des différents pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Ce qui, malgré les nombreuses tentatives, n'est pas le cas. En effet, les dernières statistiques donnent un très faible niveau des échanges intramaghrébin. Comparativement aux autres zones d'échanges au monde, le Maghreb a offert ces dernières années à peine 3% du commerce extérieur entre les pays de la région. "C'est le commerce zonal le plus faible par rapport à celui entre les pays de l'Union européenne, d'Europe, asiatique et Amérique latine. Cette faiblesse du niveau des échanges démontre les difficultés d'application des pays de l'UMA des conventions bilatérales. Les antagonismes politiques et les distorsions entre les politiques commerciales, fiscales, monétaires des différents pays de la région ajoutés aux difficultés de gestion des conventions commerciales sont à l'origine du manque de développement de ces échanges", a argumenté Abdelatif M., enseignant à l'université de Annaba. Une de ses distorsions est largement mise en relief par les Tunisiens qui exigent de leurs opérateurs économiques une autorisation préalable à l'importation de tout produit étranger. C'est pourquoi les statistiques des échanges présentées par les 5 pays du Maghreb font véritablement grise mine. Ainsi, dans le chapitre des échanges extérieurs du Maroc, la courbe avec les autres pays de l'UMA n'a pas dépassé les 6% de ses capacités globales. Distorsions Ne pouvant rien attendre de la Tunisie et de la Mauritanie, le Maroc a axé ses efforts sur la Libye et l'Algérie qui forment respectivement ses principaux partenaires à l'exportation. Les échanges à l'importation des pays du Maghreb ont connu une baisse constante ces dernières années. Dans le lot des pays à forts potentiels d'exportation, l'Algérie fait figure de mauvais élève avec, au titre de ses échanges avec les autres pays du Maghreb, une fourchette d'à peine 1,7% du commerce extérieur, près de 2% pour ses importations globales et 1,5 dans les exportations. Tunisiens et Marocains sont les partenaires les plus assidus des échanges avec l'Algérie alors que la Mauritanie n'est intéressée que par les hydrocarbures algériens. Les déclarations de bonnes intentions des gouvernants tunisiens ne se reflètent pas dans le niveau des échanges de leur pays avec l'Algérie. Alors qu'avec les autres pays de la région la balance commerciale est toujours positive, elle marque un déficit constant avec la Tunisie. Pays des hydrocarbures, l'Algérie maintient sur ce plan un plus ou moins bon niveau ses échanges avec tous les pays de l'UMA à l'exception de la Libye, pays producteur de pétrole. Considéré comme étant le marché le plus ouvert du Maghreb, les échanges régionaux tunisiens dans la région maghrébine représentent à peine 5% de son commerce extérieur. La prédominance de ces échanges va vers les exportations de l'ordre de 7,6% selon les dernières statistiques. Le volume des importations de ce pays est quant à lui de 4,5%. D'où la position excédentaire qu'occupe la Tunisie par rapport aux autres pays de la région. La Libye reste le pays le plus versé dans l'importation des produits tunisiens, marocains. L'Algérie se classe très loin au bas du tableau des échanges libyens avec les pays du Maghreb. Economiquement sinistrée, la Mauritanie enregistre des importations d'hydrocarbures algériens. Les importations marocaines de produits algériens sont essentiellement énergétiques 32%. Avec 7%, les dattes suivent difficilement au même titre que les produits sidérurgiques, métallurgiques et les engrais. Si elle est excédentaire avec les autres pays de l'UMA, la balance des échanges de l'Algérie avec la Tunisie est toujours déficitaire. Les acquisitions algériennes en provenance de la Tunisie portent sur les produits destinés à l'industrie chimique, au bâtiment, alimentaire, cuir, bois, papier... Même en faibles quantités, les hydrocarbures, chimiques et plastiques et tout récemment produits de la mer algériens sont importés par la Tunisie. Selon des économistes algériens, ces échanges sont en tous les cas meilleurs que ceux avec la Libye et la Mauritanie qualifiés de sans importance. Rappelons que l'Algérie couvre tous les besoins en hydrocarbures de la Mauritanie. Du côté de plusieurs membres de l'Anexal, l'on estime indispensable la relance du dossier économique de l'Union du Maghreb arabe. " Cette relance est indispensable pour chacun des 5 Etats membres et pour la région dans son ensemble. A l'ère de la globalisation, c'est une nécessité pour prétendre répondre efficacement aux défis que les 5 pays maghrébins sont appelés à relever dans un cadre euro-méditerranéen. Aujourd'hui, il n'est plus question de tergiverser et de continuer dans la politique de l'autruche en bloquant à chaque fois et systématiquement toute initiative tendant à la redynamisation de l'UMA. La pression des exigences de l'ouverture sur le marché mondial l'impose. « Le projet maghrébin ne doit plus être conçu en un simple idéal comme il l'a toujours été mais comme un impératif de survie », a indiqué Mostefa Lamar, un exportateur de produits agroalimentaires de la région de Skikda.