Les conditions dans lesquelles évoluent les exportateurs de produits de la terre de la wilaya de Mila ne sont absolument pas pour les encourager et moins encore pour leur permettre d'honorer leurs engagements auprès de leurs clients européens. En effet, les exportateurs sont confrontés à une multitude de difficultés, qui freinent l'essor de cette filière, véritable levier économique sur lequel table pourtant l'Etat, afin de sortir les exportations du pays du seul cercle des hydrocarbures. Insuffisance des moyens de transport mis à leur disposition par les compagnies nationales des transports aérien et maritime, inadéquation des infrastructures de stockage des ports et des aéroports avec la qualité périssable des produits agricoles, fréquentes modifications des programmes des dessertes de la CNAN et d'Air Algérie, absence de crédits bancaires sont quelques-uns des problèmes qui continuent à étriquer l'activité des exportateurs et que les concernés ont soulevés avec force, lors d'une rencontre, mercredi dernier, avec Liberté. Ces opérateurs économiques, exportant pas moins de trente-cinq variétés de produits de la terre, sont unanimes quant à la qualité médiocre des prestations proposées par les compagnies de transport. “Nous sommes extrêmement pénalisés, nous dit Smaine Souiâd, spécialisé dans l'exportation des escargots et de l'oignon dit sauvage. Nous sommes pratiquement dans l'incapacité d'honorer nos engagements et d'acheminer correctement nos produits vers le client. Comment le pourrait-on quand notre marchandise doit attendre parfois jusqu'à 15 jours au niveau du port d'Alger ou de l'aéroport Houari-Boumediene, ou quand on est confrontés à un capricieux changement du programme des navires de la CNAN et des avions-cargos d'Air Algérie ?” Dans ce même sillage, un autre opérateur spécialisé dans l'exportation des légumes cultivés sous serre notamment, Hamimour Mostafa en l'occurrence, nous révèle : “Malgré ces insuffisances connues de longue date du ministère des Transports, il ne nous est toujours pas permis de traiter directement avec les compagnies étrangères représentées en Algérie !” Aussi, les concernés interpellent-ils le chef du gouvernement afin de lever cette mesure aux antipodes, selon eux, de l'économie de marché et du libre échange. Par ailleurs, nos interlocuteurs battent en brèche ce qu'ils appellent la politique du deux poids, deux mesures, pratiquée par les banques en matière de crédits. “Les importateurs bénéficient de crédits bancaires avec de nombreux avantages, alors que les exportateurs n'ont aucun droit aux crédits”, souligne, pour sa part, Mennour Yamine, un autre exportateur. Celui-ci indique que les banques et contrairement à ce qui est d'usage dans le monde entier n'accordent pas des avances sur les factures domiciliées. Ce qui met les opérateurs qui font dans l'exportation dans des situations parfois contraignantes. Signalons enfin que malgré toutes les contraintes, les exportateurs affiliés à la CCI de Beni Haroun à Mila ont exporté, durant l'année 2007, un volume de marchandises en euro équivalent à 348,408 millions de dinars algériens. K. Bouabdellah