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“Une stratégie pour assurer la sécurité alimentaire de l'Algérie”
Le plan national de développement agricole et rural
Publié dans Liberté le 17 - 02 - 2008

Nous vous présentons ci-dessous une contribution de cadres du ministère de l'Agriculture défendant l'approche de développement du secteur initiée en 2000 et portée par le Plan national de développement agricole et rural.
L'agriculture algérienne est aujourd'hui un sujet de prédilection pour les commentateurs de tous bords et les pourfendeurs professionnels qui, à l'occasion, découvrent qu'il existe une agriculture algérienne et qu'elle est de surcroît capable, si ce n'est de la “faute” des décideurs, de satisfaire l'ensemble des besoins alimentaires des Algériens.
Cette effervescence et cette fébrilité autour de l'agriculture auraient pu constituer une opportunité pour l'Algérie de voir se structurer, au-delà des contingences politiques et des intérêts mercantiles, un débat serein et constructif autour de la question cruciale de la sécurité alimentaire. Malheureusement, ce sont beaucoup plus les intérêts partisans et les ambitions contrariées qui s'expriment aujourd'hui pour “casser” la seule initiative qui, malgré quelques insuffisances, tente réellement de dynamiser et de moderniser l'agriculture algérienne. Si le Plan national de développement agricole et rural est d'abord l'expression d'une volonté politique, il est aussi l'aboutissement d'une réflexion collective de tous ceux, cadres, économistes, agriculteurs, techniciens, chercheurs…, qui ont à cœur d'améliorer au mieux la sécurité alimentaire de notre pays.
Si nous nous permettons aujourd'hui de nous départir de la réserve que nous nous sommes imposée, c'est pour apporter la contradiction à tous ceux qui, après plus de 20 ans de silence coupable, tentent par des procédés relevant beaucoup plus du “procès d'intention” que de l'analyse objective, de jeter la suspicion sur une démarche en mesure de briser le carcan de la dépendance alimentaire.
Il s'agit pour nous de saisir cette opportunité pour préciser davantage l'approche de développement du secteur initiée en 2000 et portée par le Plan national de développement agricole et rural.
En effet, si nous sommes persuadés de l'existence d'une volonté délibérée de nuire aux intérêts de l'agriculture algérienne, nous sommes également convaincus des intentions louables de certains “commentateurs” de la politique agricole dont le seul désir est d'apporter leur contribution désintéressée sur un sujet d'importance nationale.
Nous nous devons néanmoins, loin de toute polémique, d'apporter aux uns et aux autres des précisions sur certaines de leurs affirmations qui ne puisent pas leur fondement dans des données objectives, mais s'appuient plutôt sur des lectures empiriques, et le plus souvent erronées, de la réalité.
Tout d'abord, nous voudrions rappeler le diagnostic qui, établi en 1999, a servi de base à l'élaboration de la nouvelle politique du secteur.
En effet, la situation d'avant le PNDAR se caractérisait par :
1 - des systèmes de production inadaptés à nos conditions pédoclimatiques ;
2 - une stagnation, voire un recul, de la production et une situation inquiétante de la sécurité alimentaire du pays ;
3 - un désinvestissement amplifié par un financement bancaire inexistant ;
4 - un désintérêt croissant des opérateurs économiques pour les activités agricoles, avec pour corollaire l'abandon des exploitations agricoles ;
5 - une dévitalisation des territoires ruraux et une précarisation des conditions de vie des populations rurales aggravées par la détérioration de la situation sécuritaire ;
6 - une rupture marquée des équilibres écologiques, avec pour principale conséquence la désertification de près de 7 millions d'hectares en milieu steppique ;
7 - des structures agraires très complexes et inadaptées à une agriculture moderne.
Près de 70% des exploitations agricoles algériennes ont moins de 10 hectares, 51% de ces exploitations ne sont pas titrées et 50% d'entre elles sont dans l'indivision.
Face à cette situation, que fallait-il faire ?
Fallait-il continuer à ignorer cette réalité, avec toutes les conséquences que cela suppose et laisser les importations de denrées alimentaires qui, à l'époque, ne semblaient gêner personne, atteindre des proportions astronomiques ?
Ou, a contrario, s'engager résolument dans une politique novatrice, en totale rupture avec les hésitations passées, les convictions arrêtées et les fausses alternatives ?
Le Plan national de développement agricole et rural (PNDAR) est une réponse sans équivoque à cette interrogation. Il est venu consacrer dans les faits une volonté de changement exprimée par l'ensemble des partenaires et décidée par les pouvoirs publics.
Après sept années de mise en œuvre, les résultats sont là et les impacts avérés. Chacun peut légitimement et librement en apprécier la substance et la portée, à condition de ne pas ignorer les acquis de cette politique qui restent cependant à conforter. Les affirmations développées ici et là et “les vérités” fallacieuses itérées et assénées par certains appellent de notre part les présentes observations :
1 - Effectivement, l'une des priorités de la politique consacrée par le PNDAR concerne la reconversion ou l'adaptation des systèmes de cultures à nos conditions pédoclimatiques. Il s'agit de mettre un terme à un système de culture céréalière qui non seulement ne contribuait pas à améliorer la production mais, bien au contraire, aggravait la détérioration des terres et le phénomène de la désertification. Près de 500 000 ha ont été soustraits, avec la libre adhésion des agriculteurs, à la céréaliculture marginale. Cette superficie a fait l'objet d'un traitement différencié (mise en défens, plantations arboricoles, plantations pastorales…) selon la nature des écosystèmes existants.
De ce fait, la sole céréalière, qui était en moyenne de 3,7 millions d'hectares, a été stabilisée à 3,2 millions d'hectares avec une production moyenne annuelle qui est passée de 21 millions de quintaux (1980-1999) à 31 millions de quintaux (2000-2006).
Comme on le voit, les programmes de reconversion et d'intensification ont non seulement permis l'augmentation de la production céréalière et des rendements, mais aussi et surtout, ils ont permis la préservation et la valorisation de près de 500 000 ha de terres fragiles vouées à la désertification.
L'agronomie est une science à part entière qui ne peut s'accommoder d'affirmation péremptoire d'où qu'elle vienne. Cette conviction profonde a conduit le secteur de l'agriculture à engager, dès 2001, une opération de classement général de nos terres agricoles pour en évaluer le potentiel et la valeur agronomique afin d'identifier les cultures qui peuvent idéalement leur convenir.
2 – S'agissant de la mise en valeur, certains s'évertuent à ignorer que pour le seul programme de mise en valeur des terres par la concession, la surface agricole utile (SAU) a été augmentée de 500 000 hectares entre 1999 et 2007. Ce programme a permis la création de 45 000 exploitations et généré 151 000 emplois. Tout cela, sans compter les résultats des autres programmes de mise en valeur mis en œuvre dans le cadre du PNDAR (APFA, amodiation, mise en valeur d'entreprise, etc.).
Pour que tous soient à même de mesurer la portée, l'ampleur et les impacts de ces programmes, nous les invitons à visiter les périmètres de mise en valeur situés, entre autres, à Aïn Oussara, Grara, Hassi El-Fehel, El-Ghrouss, El-Maader, Oued El-Touil… Nous nous ferons un plaisir de leur servir de guide dans un monde rural que peu d'esprits critiques semblent connaître.
3 - Pour ce qui est maintenant de la facture alimentaire, beaucoup préfèrent verser dans la facilité en reprenant à leur compte des opinions profanes au lieu de recourir à un examen approfondi de l'ensemble des indicateurs y afférents. Effectivement, les importations alimentaires se sont élevées à la fin de l'année 2007 à 3,6 milliards de dollars.
Pourquoi une telle augmentation ?
Deux constats s'imposent.
Premier constat : depuis 2002-2003, les statistiques des douanes faisant foi, l'Algérie n'importe plus de produits maraîchers. La production nationale a augmenté de manière progressive et permet aujourd'hui de satisfaire la demande nationale. Ceci est également vrai pour les viandes blanches, les œufs et les viandes rouges (malgré les importations ponctuelles de viande bovine pour les besoins de la régulation, en particulier durant le Ramadhan). Nous devons néanmoins reconnaître qu'en raison de conditions particulières en grande partie liées au contexte mondial, l'Etat algérien a été normalement, et exceptionnellement, amené à autoriser et à faciliter l'importation de 100 000 tonnes de pommes de terre en 2007.
Deuxième constat : si l'on excepte le café, le thé et certains autres produits exotiques, impossibles à produire localement, quatre produits forment la structure de l'essentiel des importations alimentaires de l'Algérie. Il s'agit des blés, des huiles autres que l'huile d'olive, du lait et du sucre. Ainsi, pour les huiles et le sucre l'Algérie reste, pour l'instant, totalement et structurellement dépendante des importations. Pour le lait et les blés, et contrairement à ce qui est tenu pour acquis, en volume nos importations ont soit stagné, soit diminué depuis 2000. Ceci est particulièrement vrai pour les importations des blés durs, qui ont diminué, et pour les importations des blés tendres qui se sont stabilisées.
Par ailleurs, il convient de noter que ces premiers résultats prennent tout leur sens lorsque l'on sait que la population algérienne a augmenté de près de 3 millions d'âmes entre 2000 et 2006 (statistiques ONS) et lorsque l'on sait également qu'une partie des blés importés a permis à l'Algérie de se constituer aujourd'hui un stock stratégique confortable qui nous permet d'être relativement sereins quant à l'approvisionnement régulier de notre marché.
Néanmoins, force est de reconnaître que si les importations en volume de ces produits se sont globalement stabilisées depuis 2000, en valeur elles ont connu un accroissement significatif. En effet, et pour illustrer notre propos, les prix moyens des blés durs sont passés de 230 dollars la tonne en 2003 à 790 dollars en 2007, alors que ceux des blés tendres sont passés, pour la même période, de 175 dollars la tonne à 362 dollars. Quant au prix moyen de la tonne de lait, il est passé de 1750 dollars en 2003 à 5 000 dollars en 2007. Il est à noter que de janvier à juillet 2007, le prix de la tonne de lait a augmenté de 2 000 dollars.
4 - Nous ne pouvons enfin passer sous silence cette propension à considérer allègrement que des sommes “faramineuses” ont été consacrées au PNDAR.
En effet, entre 2000 et 2006, les montants destinés au soutien à l'investissement s'élèvent à 284 milliards de DA (près de 4 milliards de dollars), soit une moyenne annuelle de 40,5 milliards de DA. Le budget global de l'agriculture durant cette période n'a représenté en moyenne que 3% du budget de la nation.
S'il est vrai que l'Etat a consenti des moyens importants pour relancer l'agriculture algérienne et assurer la sécurité alimentaire de nos concitoyens, nous ne pouvons nous résoudre à accepter que, par la magie du langage, on en vienne à qualifier ces moyens de “colossaux” juste pour signifier sournoisement qu'ils ont été gaspillés. Comme on le sait, les pays de l'OCDE, dont la population rurale n'excède pas 4% de la population totale, consacrent chaque année près de 300 milliards de dollars en divers soutiens à leur agriculture. Les soutiens internes que ces pays accordent à cette dernière varient de 19% (USA) à 71% (Suisse). Quant à l'Algérie, où la population rurale représente environ 40% de la population globale, le soutien interne est de l'ordre de 7%, l'Etat algérien ayant consenti, en l'espace de sept ans, près de 4 milliards de dollars, soit environ 570 millions de dollars par an.
Dans son évaluation annuelle, la FAO a constaté, en 2006, que les Etats qui ont nettement amélioré leur sécurité alimentaire sont ceux qui ont consenti le plus d'efforts en matière d'investissement. Il s'agit des Etats qui ont consacré 4 000 dollars d'investissement par actif agricole et par an. Notre pays, quant à lui, a enregistré un niveau d'investissement annuel de 300 dollars par actif, et ce, pour une population agricole active de 1 852 000 âmes. Par ailleurs, il convient de souligner que la valeur de la production agricole algérienne représente en 2006, 9,2 milliards de dollars et que notre agriculture contribue à hauteur de 9%, en moyenne annuelle 2000-2006, à la production intérieure brute et totalise la création de plus de 1 million d'emplois. En outre, nous devons rappeler que le PNDAR ne se résume pas au seul soutien à l'exploitation agricole. Il englobe, en effet, d'autres dimensions tout aussi importantes, que d'aucuns s'évertuent à occulter.
Ce programme contribue à améliorer les conditions de vie dans le monde rural, lutte contre la désertification, boise et reboise nos montagnes, redonne vie à la steppe, traite les bassins versants pour protéger nos barrages, développe l'irrigation et économise l'eau (près de 60% des soutiens accordés ont été affectés à l'économie de l'eau), assure l'innocuité sanitaire de nos aliments (aucune crise sanitaire n'a été enregistrée depuis 2000), etc.
Pour conclure notre propos, nous rappellerons tout simplement à toutes les consciences “bien intentionnées”, une sentence que tous les enseignants s'évertuent à répéter sans cesse : “Les faits sont têtus.” On aura donc beau répété que le PNDAR a échoué, la réalité est là, tangible et incontournable.
Nous aurions aimé que, en dehors de toute considération politique, le débat reste chez nous, à l'instar de ce qui se passe sous d'autres cieux, objectif, serein et constructif.
Nos énergies doivent être canalisées pour aider notre pays à disposer d'un appareil productif agricole performant, à même d'assurer durablement notre sécurité alimentaire. C'est la seule ambition qui nous anime.
Des cadres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural


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