Les agriculteurs ne réclament plus l'épongeage de leur dette contractée auprès des banques publiques mais plutôt un délai de remboursement de trois à cinq ans. Le contentieux s'élèverait à près de 17 milliards de dinars, soit 46 millions de centimes que doit chacun des agriculteurs concernés. Cette nouvelle approche a été révélée hier lors d'une réunion entre des membres du secrétariat général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), à leur tête son président, Mohamed Alioui, et le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Ces membres ont pris la parole tour à tour pour évoquer devant le ministre les préoccupations des fellahs et les problèmes qu'ils rencontrent sur le terrain, notamment en ce qui concerne le crédit «Rfig». Selon eux, la BADR, qui pilote cette formule, ne joue pas assez le jeu. «Elle exige des documents que la plupart des fellahs ne sont pas en mesure de présenter», lancera un membre du secrétariat général et de s'étonner que la BADR s'en tienne à appliquer strictement les règles prudentielles bien que le ministère de l'Agriculture se soit pourtant porté garant dans le cas d'un non-remboursement. L'autre membre à intervenir, le président du conseil d'administration de la CNMA -Banque qui a tenu dans son exposé à expliquer l'historique de la création de cet outil de financement consacré au secteur de l'agriculture et les dérives qu'il a connues- confie au ministre : «La CNMA a perdu peu à peu sa vocation parce que ses dirigeants étaient étrangers au secteur. Ils sont venus pour se servir et non pour servir l'agriculture.» A cette réflexion, le ministre a tenu à préciser : «Contrairement à ce qui a été dit ici et là et dans les colonnes de certains journaux, la CNMA-Banque va connaître une restructuration. Preuve en est : il a été procédé à l'installation d'un administrateur et non d'un liquidateur.» Toujours sur ce même sujet, Benaïssa a tenu à mettre les choses au clair : «Pour remettre en selle cet outil de financement du secteur, il serait utile que le fonds de la banque soit alimenté uniquement par les agriculteurs et géré par ces derniers pour éviter de retomber dans les erreurs du passé.» Une orientation totalement approuvée et soutenue par Alioui qui, par ailleurs, a signifié au ministre que l'UNPA adhère à toutes les nouvelles dispositions décidées par le ministère dans le cadre du renouveau de l'économie agricole et rurale. Annonçant dans la foulée que, dorénavant, l'UNPA et le ministère de l'Agriculture travailleront en étroite collaboration : «Nous avons décidé de nous rencontrer chaque samedi.» Une initiative tout à fait louable dans la mesure où elle va permettre certainement au ministère d'être mieux à l'écoute des agriculteurs et autres acteurs du secteur. Z. A.