Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Nul doute, la deuxième source de production de biens en Algérie après les hydrocarbures, c'est bien l'agriculture. Une donne, voire un atout, qui n'arrive toujours pas à être exploitée dans toute sa dimension par l'absence d'une véritable politique agricole ou, du moins, d'une stratégie à la production. Des tentatives ont été menées dans ce sens par les pouvoirs publics qui ont introduit des réformes successives dans le secteur. Elles n'ont pas donné de résultats tangibles. Aujourd'hui, à travers le plan de relance du renouveau agricole et rural qui exprime tout l'intérêt porté à ce secteur par le plus haut niveau de l'Etat, c'est en sorte une nouvelle approche qui est en train de se mettre en place. Elle a comme force de réussite, des objectifs fixés. Pour rappel, il a été consacré à cet imposant plan de relance agricole que comptent mettre en œuvre les pouvoirs publics une importante enveloppe financière qui, semble-t-il, est à la hauteur des défis. Ainsi, il a été décidé de mobiliser, pour les cinq prochaines années, un budget conséquent à raison de 200 milliards de dinars par an. Une bonne partie de cet argent, à savoir 70 milliards de dinars, sera consacrée à la régulation, alors que 60 milliards seront injectés dans le renforcement du capital productif et 60 autres dans le fonctionnement et le soutien technique. Autant dire qu'avec un tel montant dévolu au secteur et sa minutieuse répartition, le risque d'échec de ce plan de relance se voit minimiser, contrairement à son prédécesseur, le fameux PNDA (Plan national du développement agricole). Une éventualité à exclure si l'on s'en tient aux résultas positifs de la campagne céréalière 2009 et dans d'autres cultures, notamment la pomme de terre. «La priorité sera de consolider ces résultats, sinon que vaut une stratégie de production si elle ne s'inscrit pas dans la durée ?» a déclaré à maintes reprises le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa. Non sans marteler dans chacune de ses rencontres avec les acteurs du secteur : «pour construire les bases de notre sécurité alimentaire, il faudra consolider les résultats positifs enregistrés. En somme, libéraliser les initiatives des uns et des autres intervenants dans le secteur». Et de poursuivre au sujet du développement de l'agriculture : «Nous avons mis en place un programme et l'argent est disponible.» En définitive, à travers la mise en œuvre du plan de renouveau agricole, il est question avant tout de renforcer la sécurité alimentaire du pays en donnant la priorité aux produits alimentaires de base. Ce sont les blés, le lait, les huiles, la pomme de terre, les légumes secs, les viandes rouges et blanches et les œufs. En somme, des produits de large consommation qui d'ailleurs pèsent lourdement sur la facture nationale d'importations annuelle. Dans cet ordre d'idées de renforcer au plus vite le volume des récoltes, c'est le cas pour la production céréalière et celle laitière qui ont enregistré en 2009 un saut quantitatif sensible et où ces résultats ont une incidence positive sur les importations et sont donc significatifs d'une baisse sensible de la facture des importations alimentaires. Voilà pour ce qui concerne l'amont agricole. En revanche, c'est en aval que le plan de relance risque de ne pas se traduire positivement de si tôt sur le terrain. Au niveau du ministère on est conscient qu'un dur travail reste à réaliser pour arriver à réguler le marché des fruits et légumes qui souffre épisodiquement d'une irrégularité criante dans l'approvisionnement. Selon des observateurs, cela est dû à l'absence d'une véritable stratégie de production agricole. Ceux-ci en sont convaincus : «Tant que ne sera pas mis en place une véritable stratégie de production agricole qui puisse assurer des approvisionnements de façon régulière, c'est-à-dire sans période de rareté, le circuit commercial continuera de connaître des périodes de tension qui se traduiront par des hausses des prix sur les étals des détaillants.» Des agronomes nationaux très au fait du circuit commercial des fruits et légumes font savoir à chacune de leur sortie médiatique que, pour sortir de ces tendances haussières intempestives, la solution viendrait de rendements agricoles de très loin plus importants que ce qu'ils sont actuellement et qui soient des plus réguliers de manière à éloigner définitivement toute tentative de spéculation. Cela reste du domaine du possible à condition d'aller vers la mise en place d'une stratégie à la production agricole intensive et pérenne. «C'est d'ailleurs la seule alternative pour que le circuit commercial des fruits et légumes fasse enfin preuve d'une stabilité permanente et ne soit plus sujet à des accalmies provisoires sur lesquelles vient se greffer la spéculation», préconisent des cadres du secteur de l'agriculture. Un objectif à atteindre au plus vite car très attendu par les ménages. Lesquels ne peuvent continuer éternellement à subir les importantes et répétitives fluctuations du marché des fruits et légumes. En attendant, il reste à espérer pour cette année 2010 que la production sera régulière et importante, ne serait-ce que pour contribuer un tant soit peu à libérer les familles algériennes du spectre de la cherté des prix. Un phénomène qui ne fait que persister.