Le professeur Pierre Galand a animé hier, à l'Institut des sciences politiques et de l'information, à Ben Aknoun (Alger), une conférence intitulée : “L'autodétermination des peuples : continuité historique”. La manifestation scientifique, initiée à l'occasion de la commémoration du 19e anniversaire de la Journée nationale des martyrs, par l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), s'est distinguée par la présence du Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, du nouvel ambassadeur de la République sahraouie (RASD) à Alger, Brahim Ghali, du président du Comité national de solidarité avec le peuple sahraoui (CNSSPS), Mahrez Lamari, du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi-Saïd, du secrétaire général de la jeunesse africaine, des parlementaires et élus locaux, des représentants du Conseil supérieur à la magistrature (CSM), des cadres de l'Etat et d'universitaires, ainsi que des représentants de l'Université algérienne, aux côtés des étudiants en sciences politiques et des médias. “Je veux parler aujourd'hui avec vous de la solidarité qui est la tendresse des peuples, une tendresse qui a permis la mobilisation des peuples pour rappeler aux puissants leurs devoirs”, a déclaré le sénateur belge à l'assistance. L'ami de l'Algérie et des “causes justes” dans le monde est revenu sur le 60e anniversaire de la Déclaration des droits humains pour rappeler avec force cette “histoire écrite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale”. “Les résistants européens ont levé la tête pour s'opposer à ceux qui veulent gérer le monde dans l'inhumanité”, a-t-il soutenu, avant d'ajouter : “Dès 1946, le grand tournant de l'après-guerre est l'autodétermination des peuples, pour la reconnaissance de leurs droits nationaux.” Mais qu'en est-il de la situation actuelle du combat des peuples ? Pour le président du Comité international pour la Palestine, également président de la Coordination européenne de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), “nous sommes aujourd'hui dans un Etat de non-droit sur le plan international”. Selon lui, outre la politique agressive et d'occupation des Etats-Unis en Afghanistan, en Iran et en Irak, “la faiblesse de la communauté internationale et celle de l'Europe” contribuent malheureusement au report du moment d'indépendance du peuple sahraoui et à celui de la création d'un Etat palestinien. “Si l'on n'y prend pas garde, le XXIe siècle sera un siècle de déchirements et de guerres”, a averti l'altermondialiste, non sans alerter en même temps sur “l'urgence” du règlement de la question israélo-palestinienne et de l'autodétermination du peuple sahraoui. Rejetant l'idée d'une “société complètement perturbée”, Pierre Galand a plaidé pour la construction “ensemble de ponts nécessaires pour rappeler à la communauté internationale les droits inaliénables des peuples”. Il a aussi invité les étudiants à rejoindre le mouvement altermondialiste et à être en contact, à l'échelle du Maghreb, avec les étudiants marocains “pour leur rappeler qu'on doit vivre ensemble avec les Sahraouis”. Pour l'invité de l'Onec, l'Europe a “une responsabilité” dans le calvaire vécu par nos voisins sahraouis depuis trois décennies, mais a-t-il poursuivi, “l'Europe n'est pas une forteresse et doit s'ouvrir”. Plus loin, il a affirmé que “l'Europe doit revenir à son rôle d'acteur international qu'elle ne joue plus”, et suggéré de faire pression sur le gouvernement espagnol et de “l'amener à dénoncer les accords de Madrid de 1975”. Les intergroupes parlementaires européens ne seront pas du reste inactifs, d'après lui, puisqu'ils se réuniront en avril prochain, en vue de mettre en marche une démarche visant à peser de leur poids auprès de leurs Etats. Le président de l'Eucoco a, par ailleurs, applaudi à la position constante de l'Algérie vis-à-vis du dossier de décolonisation du Sahara occidental, estimant que la “propre histoire” de notre pays a fait que “l'Algérie soit aux côtés du peuple sahraoui”. Au cours du débat, M. Galand est revenu sur la question sahraouie, précisant que celle-ci est “une cause juste”, voire “une cause du droit et des valeurs portées par les Nations unies et la communauté internationale”. “Cette cause est tellement juste que la RASD est membre de l'Union africaine”, a-t-il attesté, tout en déplorant l'exercice de “pressions”, particulièrement de la France, qui ont fait que la RASD ne soit pas encore pays membre de l'ONU. “Pendant des décennies, le Maroc a tout fait pour disqualifier le Front Polisario et le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le Maroc n'a pu le faire qu'avec l'appui de la France et la faiblesse de l'Espagne”, a encore soutenu l'intervenant. Pierre Galand a, en outre, défendu le retour d'un “monde multipolaire”, un projet exigeant du “courage” et de “la résistance”, y compris pour “ramener la communauté des nations à reconnaître que le colonialisme était un crime”. Hafida Ameyar