«Le Maroc n'aurait jamais obtenu ce qu'il a aujourd'hui, sans le soutien des deux pays de non-droit, à savoir la France et les Etats-Unis d'Amérique.» C'est la France qui gère actuellement le dossier sahraoui et c'est ce même pays qui le bloque au sein du Conseil de sécurité. C'est une certitude pour Pierre Galand, président du Comité international pour la solidarité avec le peuple sahraoui et du Comité international de soutien au peuple palestinien. Lors d'une conférence animée, hier, à l'auditorium de l'Institut des sciences politiques, à Alger, Pierre Galand, plus convaincu que jamais, déclare, sans ambages, que «la cause sahraouie est juste et relève du droit international». D'ailleurs, les Nations unies «n'osent jamais remettre en cause le droit des Sahraouis à l'autodétermination consacré par toutes les résolutions de l'ONU sur le Sahara occidental». Le message du sénateur belge est donc clair. «Le Maroc n'aurait jamais obtenu ce qu'il a, aujourd'hui sans le soutien des deux pays de non-droit, à savoir la France et les Etats-Unis d'Amérique», relève-t-il également, devant un parterre important d'étudiants, d'enseignants et de journalistes. La France et les USA, deux Etats en divorce avec la Charte des droits de l'homme, ne cessent ainsi d'encaisser les critiques les plus acerbes de la part de la communauté internationale. Dans un récent entretien accordé à L'Expression au sujet de la course qui a mis sur la piste les USA et la France pour le réarmement de l'armée royale chérifienne, Pierre Galand a estimé que «les USA, comme la France, l'Inde et Israël, sont des vendeurs d'armes et, de ce fait, tout argument est valable pour vendre des armes aux Marocains». L'intérêt est donc minutieusement discuté entre le Maroc et les marchands d'armes, en l'occurrence la France et les USA qui, en contrepartie des contrats militaires signés avec le Maroc, se sont engagés à soutenir les thèses marocaines sur le Sahara occidental. Quitte à écraser les principes fondamentaux de la Charte onusienne, à commencer par le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans la foulée, le conférencier, militant acharné des causes sahraouie et palestinienne, estime qu'«il est temps d'écrire les dernières pages qui manquent à la Déclaration universelle des droits humains», car, a-t-il soutenu, «si les deux peuples palestinien et sahraoui n'ont pu, aujourd'hui, avoir leurs Etats c'est parce que la communauté internationale n'a pas encore écrit les pages qui manquent à la Déclaration universelle des droits humains». Au 60e anniversaire de cette déclaration, celle-ci semble devenir, aujourd'hui, «une simple période d'histoire de l'Europe», fait remarquer encore l'orateur, ovationné par un parterre acquis complètement à ses thèses. «Soyez altermondialistes et défenseurs infatigables de toutes les causes justes», lance-t-il à l'adresse des étudiants. Pour revenir à la question sahraouie, il est donc nécessaire aujourd'hui, selon Pierre Galand, d'agir avec plus d'énergie, car les calculs semblent être indifférents face aux intérêts économiques et géostratégiques. «C'est en France qu'il faut agir», nous a déclaré un jour à Rome, l'écrivain américain Jean Lamore. Les Marocains, qui avaient annulé un contrat d'armement avec la France «se disent, puisque les Français sont avec nous, on va essayer de gagner les Américains en achetant leurs armes». Et voilà donc le seuil atteint par les calculs des trois pays, au détriment du droit inaliénable d'un peuple à l'autodétermination. Une autre certitude pour Pierre Galand: «Il est à constater, aujourd'hui, que la France perd de plus en plus ses capacités d'influence sur la politique et les relations internationales». C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Le conférencier a estimé, néanmoins, que les négociations entre les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, «sont une étape importante dans la mesure où c'est une réaffirmation par l'ONU que la question sahraouie relève purement et seulement d'une décolonisation». Il reste tout de même impératif que cette organisation internationale assume pleinement ses responsabilités dans ce dossier.